Le rendez-vous de la médiatrice. Gaza, Israël, et les "gilets jaunes"
De nombreux auditeurs et internautes ont réagi auprès de la médiatrice des antennes de Radio France cette semaine sur les informations relatives à Gaza et Israël diffusées depuis le 13 novembre.
Pour répondre aux auditeurs et internautes sur le traitement éditorial concernant les récents événements entre Israël et Gaza, Emmanuelle Daviet, médiatrices des antennes de Radio France reçoit Lucas Menget, directeur adjoint de la rédaction.
Emmanuelle Daviet : Les auditeurs pointent un parti pris dans le traitement des informations relatives à Israël la semaine dernière.
Rappel des faits : mardi 12 novembre, l’armée israélienne a tué un commandant du groupe armé Jihad islamique et neuf autres Palestiniens, dans une série de frappes sur Gaza. Le Mouvement Jihad islamique palestinien a ensuite répliqué en tirant 450 roquettes vers Israël. En riposte, vendredi 15 novembre, Israël a de nouveau frappé des cibles du Jihad islamique.
Il y a donc véritablement une raison qui explique ces frappes israéliennes dans le contexte, c’est vrai, d’un accord de cessez-le-feu en vigueur dans l’enclave palestinienne. Ce sont les faits. Mais l’info qui a été donnée sur votre antenne vendredi dernier a très largement fait réagir vos auditeurs.
"On atteint le comble de la désinformation : la journaliste n’a pas dit un mot sur les 450 roquettes tirées depuis la bande de Gaza sur les villes israéliennes. Franceifo oublie de préciser que les Palestiniens éliminés étaient des membres du Jihad islamique. Un autre auditeur parle de « mensonge par omission". Il est vrai que l’information donnée à l’antenne semble lacunaire.
Quelles explications peut-on apporter aux auditeurs ?
Lucas Menget : Merci aux auditeurs d’être aussi vigilants. C’est un sujet épidermique. Rappel : l’information sur franceinfo n’est pas donnée de manière exhaustive. C’est un "morceau" d’un journal. Il se trouve que toute la journée et entre le 12 et 15 novembre, on a parlé de ce qu’il se passait dans la bande de Gaza, des frappes israéliennes, des répliques du Jihad islamique et des 450 roquettes interceptées par le dôme de fer qui protège Israël des frappes de la bande de Gaza.
C’est vrai qu’on aurait dû rappeler qu’il y avait eu dans l’intervalle, ces 450 roquettes tirées. Encore une fois, on ne peut pas donner toutes ces informations. C’est sur la longueur qu’on obtient ces informations. Une autre information essentielle, cette nuit-là, l’armée israélienne reconnaît une grave erreur. Elle voulait cibler un des commandants du Jihad islamique (alors qu’il y a une trêve entre Hamas et Israël), elle a tué une famille palestinienne. Ce n’est pas pour ça que l’information est volontairement tronquée, il s’agit de notre format d’information. Si on écoute 15 mn ou 30 mn d’information, on aura les différents éléments.
Emmanuelle Daviet : Cette semaine, les auditeurs ont été très nombreux à nous écrire au sujet des "gilets jaunes. Ils reprochent que beaucoup de messages concernant ces "gilets jaunes" aient été diffusés en boucle sur l’antenne samedi dernier.
Un auditeur s’interroge : "Pourquoi interviewer un manifestant qui affirme que notre pays est en perdition économique, sociale, et même culturelle, avec une inflation grandissante, une économie en chute. Pourquoi le journaliste n’est-il pas intervenu pour lui demander des précisions sur ce qu’il affirme. Comment a été choisi cet intervenant ? Comment peut-on laisser dire ces affirmations sans correction ou réponse ?"
Emmanuelle Daviet : Dans une manifestation, "gilets jaunes" ou non, lorsque cela s’avère nécessaire, les propos des participants ne devraient-ils pas être soumis à vérification par un journaliste de votre agence ?
Julien Brigot, chef des informations radio : On essaye d’apporter de la contradiction et de la vérification. On est aussi, dans ce cas précis, sur le terrain. On demande à nos journalistes de faire un "casting", en évitant les propos délictueux.
Même si le propos de ce manifestant ne semble pas tout à fait exact, au regard des questions économiques, il dit quelque chose d’une colère, qui un an après le début du mouvement des "gilets jaunes" ne semble pas tout à fait éteint. C’est le rôle de franceinfo d’aller écouter cette colère. Il s’agit également d’un instantané, tout au de la journée, sur l’antenne, des éléments d’analyse qui ont apporté de la contradiction.
C’est le rôle du service public de permettre aux auditeurs de se forger leur opinion. En ce qui concerne la vérification : on vérifie plutôt les propos d’une personnalité publique ou d’un collectif. Là, il s’agissait d’un mouvement de colère qui s’est exprimé de manière irrationnelle, c’était le ressenti de certaines personnes qui se retrouvent dans le mouvement des "gilets jaunes".
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