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Focus sur l'organisation et le travail des correspondants de Radio France à l'étranger

Radio France dispose de ses propres correspondants à l'étranger, et fait appel à des pigistes. Comment s'organise le travail des uns et des autres ?
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Pour suivre et comprendre l'actualité internationale, Radio France dispose d'un maillage de correspondants et de pigistes à travers la planète. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Le groupe Radio France dispose de plusieurs correspondants dans le monde, que l'on appelle dans notre jargon des Envoyés Spéciaux Permanents (ESP). Comment travaillent-ils au quotidien ? Pour le savoir, la médiatrice de franceinfo Emmanuelle Daviet, a posé les questions des auditeurs à Franck Mathevon, directeur de la Rédaction internationale à Radio France.

Emmanuelle Daviet : Dans un message qu'il nous adresse cette semaine, un auditeur estime que les mouvements sociaux en Grande Bretagne ne sont pas suffisamment traités sur l'antenne. Et il ne comprend pas pour quelles raisons. Cette perception du traitement journalistique de l'actualité outre-Manche vous paraît elle juste ?

Franck Mathevon : Non, désolé pour cet auditeur, parce qu'on parle beaucoup des mouvements sociaux au Royaume-Uni, avec notre correspondant Richard Place, à Londres. On a interrogé ces derniers mois des grévistes, des responsables politiques ; on a entendu sur franceinfo des infirmières, des enseignants, des cheminots. On donne vraiment la parole aux Britanniques. Il y a une semaine encore, Le Choix de franceinfo était consacré aux grèves au Royaume-Uni, à travers un reportage de quatre minutes ; cela peut paraître court, mais en radio, c'est assez long. Ce mouvement est très révélateur de la crise qui dure depuis des mois. On n'en parle pas tous les jours sur l'antenne, c'est vrai, mais au moins chaque semaine, d'une manière ou d'une autre, depuis l'été dernier.

On vient d'évoquer le travail du correspondant en Angleterre, Richard Place. Comment, plus généralement, s'organise le maillage des correspondants à l'étranger ?

Radio France dispose de neuf correspondants. On les appelle les ESP, les Envoyés Spéciaux Permanents : quatre postes en Europe (Londres, Bruxelles, Berlin et Rome), des postes à Washington, Moscou, Pékin, Jérusalem et, depuis l'été dernier, à Istanbul. Radio-France a aussi créé un poste provisoire à Kiev, en Ukraine, qui est actuellement occupé par Omar Ouahmane, que vous entendez souvent sur l'antenne de France Info ; c'est essentiel, vraiment, dans notre couverture du conflit russo-ukrainien. On travaille aussi, et je veux les mentionner, avec des dizaines de correspondants freelance, des pigistes, qui collaborent avec Radio-France, mais aussi avec d'autres médias. On compte beaucoup sur eux et on entretient avec eux des relations souvent très étroites ; ils sont essentiels pour notre couverture de l'actualité internationale.

Cette organisation vous a-t-elle, par exemple, permis d'être rapidement sur le terrain en Turquie, après le séisme, lundi dernier ?

Oui. Nous avons  créé, l'été dernier, un poste à Istanbul, en Turquie, un pays dont le poids géopolitique est évidemment très important. La Turquie d'Erdogan joue un rôle majeur en Ukraine, en Syrie, en Libye, dans le Caucase. Ses relations avec l'Europe sont aussi au cœur de l'actualité. Il y a, en plus, des élections à venir dans ce pays, normalement le 14 mai, même si la date peut toujours être repoussée. Marie-Pierre Vérot, notre correspondante, y suit de près toutes les actualités et après le séisme, elle a pu se rendre très rapidement dans les zones sinistrées, dès lundi matin, avant beaucoup de nos confrères. Nous avons envoyé deux autres reporters sur place, mais cet ESP en Turquie nous a permis, à Radio France, d'avoir un coup d'avance.

Il existe aussi sur l'antenne un rendez vous quotidien qui s'appelle Le club des correspondants. Chaque jour, un thème y est choisi. Par exemple la lutte contre le tabagisme en Italie et au Mexique, l'âge du départ à la retraite en Chine et aux États-Unis, ou encore la lutte contre les violences sexuelles en Côte d'Ivoire et en Inde. Les sujets sont ils choisis en fonction de l'actualité en France pour créer un effet miroir ?

C'est un rendez vous vraiment important, diffusé quatre fois par jour à partir de 16h40. L'idée est, en effet, de décliner un thème dans plusieurs pays. Donc oui, l'actualité en France nous fournit bien sûr souvent un sujet, un sujet miroir comme on dit, qui nous permet d'éclairer une thématique française. Mais on peut aussi illustrer d'autres thématiques, par exemple liées à la guerre en Ukraine : livraison ou non d'avions de chasse, et on a été au Royaume-Uni et en Pologne ; ou bien la neutralité dans ce conflit, et nous sommes allés en Scandinavie et en Suisse. L'objectif, c'est de sortir de nos frontières pour aborder des thèmes plus ou moins au cœur de l'actualité, et mieux comprendre le monde. C'est notre ambition, au quotidien, à la Rédaction internationale.

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