Près de la ville de Qasr, on est au plus près de la frontière syrienne. Le propriétaire d'une maison memontre depuis son toit le paysage qui s'offre à nous. " Juste là, derrière les arbres, on est déjà en Syrie. Onest à 100 mètres de la Syrie" , dit-il.Il y a des vaches qui paissent dans des champs, une retenue d'eau juste devant nous et unpetit poste frontière syrien avec le drapeau national et ses deux étoiles. Enrevanche, pas de poste frontière libanais. L'armée libanaise est absente. Ici,on est sur le territoire du Hezbollah, le parti d'Hassan Nasrallah, que l'ondécrit comme un état dans l'état.Les drapeaux duHezbollah flottent à Qasr ou HermelTous les habitants de la région sont acquis à sa cause.Dans les villes comme Qasr ou Hermel, on peut voir flotter les drapeaux duHezbollah jaune et vert et parfois, plusdiscrets, des portraits de Bachar el Assad affichés dans les boutiques, ou desphotos du président iranien Ahmadinejad. Le Hezbollah, on le sait, est proche del'Iran dont il reçoit son financement.Le chef du partide Dieu, Hassan Nasrallah, a reconnu que des hommes du Hezbollah combattaient dansla région de Qousseir qui se trouve à 15 km seulement de la frontière libanaiseet à 35 kilomètres de Homs, la 3e ville de Syrie. Il y a un an, laville de Qousseir est tombée aux mains des rebelles. Depuis le régime de Damass'est fixé comme objectif d'en reprendre le contrôle avec l'appui descombattants du Hezbollah.Abou Ali est libanais et agriculteur. Il possède 100hectares de terre, côté syrien, héritage du découpage des frontières au début du XXe siècle. Abou Ali a 46 ans. C'est un musulman chiite. Il cultivedu blé sur ses terres et élèves des vaches et des chèvres. Mais il y a huit mois,il affirme que des combattants de l'opposition syrienne sont venus s'installersur une partie de son terrain. Depuis ila décidé de prendre les armes pour défendre sa terre contre, dit-il, les "terroristes", terme également utilisé par le régime syrien pour désigner lesrebelles."Notre armement est très simple, moi, je n'ai qu'unkalachnikov. C'est tout"Abou Ali montre son uniforme, un treillis. " Nous avons dû unifier nos uniformes parce qu'avant, les terroristes venaient en civil et s'infiltraient parmi nous. Maintenant on a tous le même uniforme.Personne ne peut rentrer dans notre région sans cet uniforme. On peut sereconnaître les uns les autres... Notre armement est très simple, moi, je n'ai qu'unkalachnikov. C'est tout." Abou Ali appartient à l'un des comités populaires quisont en fait des milices formées dans les 13 villages syriens frontaliers duLiban.Un autre homme au visage buriné accepte de parler.Son fils de 19 ans a été tué il y a 3 semaines dans une embuscade. " Mon fils faisait partie d'un comité populaire et ildéfendait notre terre. C'est comme ça qu'il est mort" ... Est-ce qu'il était proche du Hezbollah ? " Non. Nous on vit en Syrie, nos terres sont en Syrie, onn'a rien à voir avec le Hezbollah."Ici personne ne veut reconnaître officiellementl'implication du Hezbollah. Pourtant, nous avons croisé des pick-up avec, àl'intérieur des hommes en treillis qui revenaient de Syrie ou qui s'y rendaient. Le lendemainde ce reportage, des combats ont eu lieu autour du Qousseir entre des rebellessyriens et l'armée de Bachar el Assad épaulée, selon les opposants, par leHezbollah."5.000 combattants du Hezbollah dans toute laSyrie"?On ignore combien de combattants du Hezbollah se battentactuellement aux cotés de l'armée syrienne. Leur nombre est tenu secret. Mais pour lesociologue libanais Waddah Charara, spécialiste du Hezbollah et auteur d'unlivre référence sur le parti de Dieu (L'état Hezbollah ), il se compte parcentaines. " J'ai avancé le chiffre de 1.200 en parlant d'unegarnison qui est stationnée dans la plaine de Homs. Ce chiffre a diminué à 500combattants mais qui peut remonter. Ca dépend des visées du commandement syrien,en accord total ou partiel avec le commandement du Hezbollah. Les Américainsconsidèrent qu'il y a à peu près 5.000 combattants du Hezbollah dans toute laSyrie".D'autres sources américaines parlent de 10.000combattants. Mais il est impossible de le vérifier. Il peut s'agir d'uneexagération volontaire, d'autant que les Américains continuent de considérer leHezbollah comme une organisation terroriste.