Visite de la grotte Chauvet, nouveau joyau classé à l'Unesco ?
En quoi cette grotte est-elle exceptionnelle ? D'abord parce qu'elle contient des dessins très aboutis réalisés il y a plus de 36.000 ans ; c'est deux fois plus ancien que les oeuvres de Lascaux. Comme en Dordogne, il y a profusion : 435 représentations d'animaux répertoriées, un millier de figures et de signes... Et tout est pratiquement intact. Il n'y a que l'eau qui continue de façonner des concrétions.
Mais plus d'hommes, plus d'animaux, plus de lumière depuis 22.000 ans. A cette époque, un éboulement a fermé l'entrée de la caverne. Et c'est comme si elle avait été mise sous cloche, jusqu'à sa découverte il y a un peu moins de 20 ans. Depuis, son accès est très limité pour continuer à la préserver.
Visite guidée
Derrière la porte blindée, équipement obligatoire avant de descendre. On est tout de suite saisi par la taille des salles successives, certaines hautes comme des cathédrales, avec le scintillement des concrétions. On chemine sur une passerelle en inox pour ne rien abîmer, car les sols sont d'époque. Mais ce sont bien les dessins qui attirent l'attention, d'abord des points rouges faits à la paume de la main trempée dans l'ocre. Des profils d'animaux apparaissent, ils suivent les courbes de la paroi, des mammouths, une panthère...
Soudain, au fond d'une salle immense à la lumière des torches, la première fresque : des rhinocéros laineux, et surtout quatre têtes de chevaux superposés. C'est fin, c'est vivant. On est saisi par la beauté des dessins. Vient enfin la plus grande fresque, dans la salle du fond. Des lions chassent des bisons, il y a du mouvement, de la perspective. Et c'est bien la révolution de la grotte Chauvet. L'art n'a pas progressé au fil de l'histoire comme on le pensait. Il y a 36.000 ans, l'homosapiens maîtrisait le dessin. On a le souffle coupé par la beauté du tableau, et aussi par le manque d'oxygène qui oblige à repartir.
Ouverture prochaine
Deux heures de visite, et un mystère : que venait faire notre ancêtre dans cette grotte ? Les scientifiques ont trouvé aussi un bassin, une petite retenue d'eau façonnée par l'homme, des crânes d'ours disposés en cercle... Et on sait aujourd'hui que l'homme du paléolithique ne vivait pas dans les cavernes. Alors, peut-être, des cérémonies. En tout cas, vingt ans après sa découverte, la grotte ardéchoise n'a pas encore livré tous ses secrets. La bonne nouvelle, c'est que tout le monde aura accès à cette sensation à partir du printemps prochain, avec l'ouverture de la caverne du Pont d'Arc. Une reproduction grandeur nature est en chantier à quatre kilomètres de l'originale dans le Sud-Ardèche. Les artistes d'aujourd'hui ont fait un travail remarquable. On aura vraiment l'impression d'entrer dans la vraie grotte.
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