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Suicides : La Poste veut "agir pour éviter le pire"

La direction ouvre dans la matinée une nouvelle séance de négociations avec les syndicats. A l'ordre du jour, un seul sujet : comment éviter qu'un nouveau suicide ne se produise à la Poste. Deux cadres ont mis fin à leurs jours il y a moins d'un mois. Selon les salariés, la direction n'a pas pris la mesure du malaise qui existe au sein de l'entreprise.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le 29 février, Jeremy se jette
par la fenêtre devant ses collègues à Rennes. Dix jours plus tard, c'est
Bruno
qui se pend devant le centre de tri de Tregunc, toujours en Bretagne.
Bruno
était un cadre de 43 ans. Il avait écrit plusieurs fois au PDG de la
Poste,
Jean-Claude Bailly. Juste avant de mettre fin à ses jours, il envoie un
dernier
message aux syndicats : "Depuis trois ans, j'ai l'impression d'un
acharnement. Je considère la hiérarchie de la Poste à l'origine de
ma perte de repères."

Ces mots ne laissent pas de
place à l'interprétation et n'étonnent pas un cadre qui a accepté de
témoigner
de façon anonyme. Un directeur placardisé pense-t-il parce qu'il ne
rentrait
pas dans le rang. Avant il avait 700 personnes sous sa responsabilité.
Et s'il
sort de son devoir de réserve, c'est parce que l'heure est grave dit-il :
"Il
y a un grand malaise chez les encadrants. Il faut agir pour éviter le
pire. Le
rythme des réformes est effréné, on assiste à une course à la
productivité. 260
000 personnes travaillent à la Poste, l'humaine devrait être au centre
des
préoccupations. or, il y a une nouvelle race de managers qui sont des
releveurs
de compteurs. chez eux, l'humain est une notion relativement abstraite."

Des objectifs déconnectés
de la réalité

Un facteur de
Clermont-Ferrand l'assure : les objectifs sont intenables. La Poste
tablait sur
une baisse du trafic de l'ordre de 4% par an. Finalement, il y a plus de
courrier à distribuer que prévu. Mais qu'importe dénonce ce facteur, les
réorganisations suivent leur cours et les suppressions de postes
également.
Résultat , pour distribuer le courrier dans le temps imparti, ce facteur
déclare : "Pendant ma tournée je roule sur les trottoirs, je prends
des
sens interdits, je fonce le plus vite possible pour rentrer dans les
heures. Je
suis un danger pour moi et pour les autres".

"A Paris, ils ne
savent pas ce qui se passe"

 Le président de la Poste,
Jean-Claude Bailly dit avoir pris "quatre décisions importantes" dont
les négociations qui commencent ce matin et qui doivent aboutir à un "train
de
mesures concrètes d'ici le 30 avril".
Mais il refuse
catégoriquement de faire une pause dans les réorganisations. Pour
Isabelle, au
guichet depuis 20 ans, c'est bien la preuve que la direction ne mesure
pas
l'ampleur du malaise : " A Paris, j'ai l'impression qu'ils ne savent
pas ce qui se passe, le quotidien des gens qui font le travail de base.
On
adorait notre métier. ils ne comprennent pas pourquoi on est démotivés,
pourquoi
les gens sont cassés et n'y croient plus."

De leur côté, les syndicats
mettent la pression sur la direction. Ils ont lancé une pétition auprès
des 280
000 salariés de la Poste. En parallèle, Ils essayent de rallier à leur
cause
les candidats à la présidentielle. Hier ils rencontraient Jean-Luc
Mélenchon et
François Hollande. Autant de moyens pour tenter d'infléchir la position
de la
Poste qui pour l'instant donc refuse de stopper les réorganisations en
cours qui
sont pourtant à l'origine de tous les maux selon les syndicats.

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