SNCF : entre colère des voyageurs et détermination des cheminots
Des jus de fruits pour faire passer la potion amère. A la gare du nord à Paris, la SNCF est aux petits soins avec les voyageurs en ce huitième jour de grève des cheminots. Pas d'explosion de colère ni vraiment d'agacement généralisé ce mercredi matin. Mais pour certains usagers, la semaine a été dure. Lionel et Smail par exemple ont les yeux cernés. Depuis huit jours que la grève a débuté, ils doivent se lever à 4h du matin pour attraper un RER à Sevran-Livry : "On n'a pas le choix, on a une famille à nourrir. Le soir, le train est bondé. Les gens sont debout, les bagarres, les insultes. Les gens se bagarrent ", raconte Smail. "Déjà en temps normal, c'est pas la joie. C'est pour ça que la grève est mal perçue. Les gens n'arrivent pas à comprendre. On ne sait pas trop pourquoi les gens de la SNCF font grève ", ajoute Lionel.
"Les gens se bagarrent"
D'autres usagers se montrent plus réceptifs aux revendications des cheminots. Mathieu est même souriant et admet que les cheminots puissent se défendre : "Je suis plutôt tolérant. Les revendications sont là. On espère quand même que ça ne va pas durer tout le mois. Au début les gens étaient très énervés car il y avait vraiment moins de trafic. Maintenant, il y a un train sur deux en heures de pointe donc on est moins perturbés ". Quelques améliorations sont en effet perceptibles ce mercredi à la gare du nord, comme cette ligne qui dessert une partie de l'Oise, jusqu'à Crépy-en-Valois. Le trajet passe donc de deux heures aller simple à une demi-heure. Mais il n'y aura que trois trains le matin et trois le soir. Et c'est le soir que les problèmes sont les plus sensibles.
Chez les cheminots de la gare Saint-Lazare, une des gare où le mouvement est le plus dur - un train sur trois ou quatre - depuis huit jours. Les grévistes fatiguent aussi et s'inquiètent pour leurs salaires. Certains ont d'ailleurs opté pour une grève perlée. D'autres comme Gabriel Rosenman, délégué du syndicat Sud-Rail, ont cessé le travail depuis huit jours. Il a préparé un tract à l'attention des usagers pour expliquer le mouvement : "Le gouvernement ne fait aucun effort pour expliquer et au contraire même, cherche à embrouiller. La réforme ferroviaire c'est le contraire d'une réunification. Un tiers des cheminots seraient transférés vers RFF : l'aiguillage et l'entretien des voies. Les activités non rentables resteraient à la charge de l'Etat. Les activités rentables seraient mises à part dans SNCF Mobilité et qui serait privatisable puisqu'il n'y aurait aucune charge à compenser. Avec cette logique, on n'entretient pas le réseau et ça aboutit à des catastrophes ferroviaires comme Brétigny-sur-Orge ".
Vers un neuvième jour de grève
Il estime aussi que la réforme aura pour effet d'abroger la réglementation du travail des cheminots en l'alignant sur le privé. "Si cette réforme passe, non seulement nos conditions de travail vont se dégrader, mais les conditions de transport des usagers qui sont déjà mauvaises seront pires. On fait déjà avec le sous-effectif, avec le matériel pas rénové, avec les rails cassés. Il y a de l'argent à la SNCF, mais il est mis au service d'une politique de construction d'un groupe multinational qui fait des profits, pas au service d'un service public ", accuse-t-il. Et il évoque le climat social général, avec les intermittents du spectacle et les mouvements à Air France. Pour lui, il n'existe aucune raison de ne pas repartir sur un neuvième jour de grève.
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