SeaFrance : que sont-ils devenus ?
Aujourd'hui, 510 anciens
salariés de SeaFrance sont officiellement au chômage. Ils ont signé un contrat
de sécurisation professionnelle (CSP) qui leur assure 80% de leur salaire
pendant un an. De quoi voir venir. Mais il est tout de même difficile pour la
plupart d'accepter ce nouveau statut.
"Chercher un emploi sur Calais,
ça va être très difficile." Un ancien SeaFrance
D'autant qu'il y a toujours
cette étiquette qui leur colle à la peau. Celle de voleurs, à cause de soupçons
de vols à bord des bateaux pendant des années. La presse locale se pose
également des questions sur le suicide d'un intendant de bord sur un ferry il y
a 15 ans. S'agirait-il d'un meurtre maquillé ?
Yannick a 45 ans, dont 24 à
bord du ferry le Berlioz : "Les journaux, la presse locale nous ont
ajouté deux lignes à notre CV, en tant que voleurs en bande organisée, et
peut-être en tant que meurtrier. Avec ça, aller chercher un emploi sur Calais,
ça va être très difficile".
La SNCF a reclassé 15 agents*
La SNCF, ancienne
maison mère, avait promis de reclasser le maximum d'anciens SeaFrance en
interne.** Elle dit avoir fait 760 offres. Mais à ce jour
seuls 15 anciens SeaFrance ont été reclassés en interne. Ils ont tous
postulé sur les mêmes emplois,
les rares situés dans la région Nord-Pas de Calais. Ceux qui n'ont pas
été
retenus attendent toujours une réponse négative de la part de la SNCF.
Même
absence d'information concernant les indemnités de licenciement. Ils
n'en
connaissent pas le montant, n'ont rien reçu à ce jour.
Maryline, 44 ans dont 20
comme vendeuse à bord des bateaux, dénonce ce manque d'informations : "Il
n'y a rien qui filtre. On se renseigne comme on peut, sur internet ou auprès
des collègues. On a vraiment l'impression d'être les dindons de la farce. On a
eu beau nous dire : ne vous inquiétez pas, on va s'occuper de vous, on va vous
tirer d'affaire, ça n'a été qu'un effet d'annonce."
Quelques-uns ont retrouvé
du travail. Il commencent aujourd'hui sur le port de Calais avec une nouvelle
liaison transmanche qui sera inaugurée à la mi-journée. Le danois DFDS s'est
allié à l'armateur français Louis Dreyfus. Ils font la liaison
Calais-Douvres avec un seul bateau pour commencer, deux dans quelques semaines,
avec de nouvelles embauches à la clé.
Non-syndiqués, plus facilement embauchés ?
Emilie fait partie des
heureux élus. La jeune femme est ce qu'on appelle une "sédentaire",
c'est à dire qu'elle travaille à terre. Sans doute le fait qu'Emilie faisait
partie des non-syndiqués de SeaFrance a-t-il joué. Le collectif a toujours été
favorable au mariage DFDS-Louis Dreyfus, contrairement à beaucoup d'anciens
salariés et au syndicat majoritaire, la CFDT. Ce qu'elle a fait pendant neuf
ans chez SeaFrance (vente des billets, enregistrement des véhicules), elle va
le faire dès aujourd'hui pour le nouvel opérateur, et en CDI.
Mais combien sont dans le
cas d'Emilie ? Selon Louis Dreyfus Armateur, 115. Son président, Gildas Maire, compte
"120 embauches. Parmi elles, 115 sont des anciens salariés de
SeaFrance. "
Trois fois moins d'embauches chez LD, selon le liquidateur
C'est faux, rétorque
l'administrateur judiciaire de SeaFrance, Maître Stéphane Gorrias en
exclusivité sur France Info : "Aujourd'hui, Louis Dreyfus est venu avec
un bateau qui est déjà armé et embauche le personnel sédentaire nécessaire, donc
il y a bien 35 salariés SeaFrance qui ont été embauchés à ce jour."
Le liquidateur judiciaire
de SeaFrance ajoute que la venue de DFDS-Louis Dreyfus va compliquer l'arrivée
d'un exploitant qui embaucherait des anciens SeaFrance et rachèterait les
ferries de la compagnie maritime. La vente des quatre bateaux a été confiée en
début de semaine à un courtier. Prix estimé total : 150 millions d'euros.
Eurotunnel se dit intéressé par le rachat de trois bateaux que l'exploitant du tunnel sous la Manche louerait ensuite aux anciens salariés de SeaFrance regroupés en coopérative.
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