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Qui sont les "identitaires" ?

Il y a deux semaines, de nombreux Français ont fait la connaissance d'un mouvement jusque-là plutôt discret : le mouvement identitaire. Plusieurs dizaines de militants ont occupé le chantier de la mosquée de Poitiers. Après ce coup d'éclat, ils tiennent convention ce week-end à Orange, dans le Vaucluse. Leur ambition n'est pas de devenir un parti politique traditionnel mais de diffuser dans la société des idées liées à l'identité nationale, à la place de l'islam en France, à l'immigration.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Qui sont les militants "identitaires" ? Les trois membres du mouvement que nous avons rencontrés hier sont de jeunes adultes, nés à la fin des années
80.

L'un vient de
terminer ses études de gestion, un autre est toujours à la fac, le dernier
travaille dans l'hôtellerie. Rien ne les distingue
d'autres jeunes gens, et ils
bondissent quand ils sont comparés à des fascistes, à des néo-nazis. Rémy milite depuis
3 ans au sein du mouvement identitaire : "Non je ne
suis pas néo-nazi, ce sont des fantasmes. Je suis bien inséré, je m'habille
comme vous".

"Génération
Identitaire"
est un mouvement politique dûment enregistré donc légal qui a
été créé cet été. C'est la branche
"jeune" du Bloc Identitaire, un groupe radical composé de 2.000 militants qui fête cette année son dixième
anniversaire.

Le gros des troupes
est basé en région parisienne, lyonnaise et dans le Sud-Est. D'après ses
dirigeants, 50% des adhérents ont entre 18 et 30 ans. Et s'ils ne
militent pas dans des organisations jeunesse des partis de gouvernement, c'est
parce qu'elles ne sont pas assez subversives, rebelles, disent-ils. "Les jeunes
UMP et PS sont des carriéristes
" nous a confié l'un d'eux.

Le refus de l'islam
est une des composantes du mouvement

C'est même une thématique centrale
car l'islam, selon les identitaires (qui se défendent de toute islamophobie), est
la conséquence la plus visible de l'immigration de masse. Ils évoquent même
une colonisation galopante.
C'est ce que pense
Mathieu : "il y a une substitution de population, une population
afro-maghrébine remplace la population française".

Le mouvement
identitaire estime donc que l'islam est incompatible avec la civilisation
française. Il veut l'arrêt
total de l'immigration, demande un référendum sur ce sujet, lutte contre la
mondialisation et prône le localisme, la production économique et culturelle de
proximité.

Tout cela pour
préserver une identité nationale qui serait gravement abimée selon
Nicolas : "mon identité est en danger. Le danger du
multiculturalisme, d'une société uniformisée. Lady Gaga, le Mc Do et le Kebab,
pas pour moi !".

L'ambition des
identitaires n'est pas de devenir un parti politique traditionnel mais de faire
progresser leurs idées. Et surtout de les
banaliser. Un travail
d'influence fondé sur le montage d'opérations spectaculaires. Il y a eu l'affaire
de Poitiers
, la plus récente. En 2010, il y avait
eu une manifestation dans un fast-food halal.
La viande halal qui
devint par la suite une thématique de campagne électorale.

Les identitaires
sont aussi à l'origine des apéros saucisson-pinard, popularisés par des
députés UMP, et du concept de "racisme anti-blanc", développé par Jean-François
Copé
.

Mathieu et Rémy
font ce que qu'on appelle de la métapolitique, la diffusion d'idées dans la
société via internet et les réseaux sociaux.

 

"On a envie de
provoquer le débat, de faire réagir, beaucoup de gens pensent comme nous. Ce
sont des idées de bon sens".

Les identitaires
entendent donc jouer un rôle d'aiguillon du Front National et d'une partie de
la droite parlementaire. Nicolas n'a, à ce
jour, aucune ambition électorale. Il veut simplement
avoir une longueur d'avance dans le débat public et soutient celles et ceux
qui, politiquement, sont susceptibles de partager ses valeurs : "s'ils
défendent nos idées, je ne suis pas sectaire, je prendrai à 100%".

Suite aux
évènements de Poitiers, Marine Le Pen avait pris la défense des Identitaires. Le Bloc Identitaire
affirme, par ailleurs, être en contact avec le FN pour les élections locales de

  1. Le FN dément tout
    contact.
    Et le député UMP
    Thierry Mariani, lui, avait déclaré sur France Info qu'il partageait certaines
    de ces préoccupations... tout en rejetant toute forme d'alliance.

 

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