Nabil Hadjarab est un Algérien de 34 ans quia passé plus de 11 ans à Guantanamo. Enfermé, mais déclaré "libérable "par les autorités américaines en 2007 et une nouvelle fois en 2009.Son cas n'estpas isolé. A Guantanamo 86 détenus sont "libérables " maistoujours enfermés là-bas. Nabil a donc entamé une grève de la faim il y a troismois. Aujourd'hui, il est alimenté de force deux fois par jour. "Lespieds et les mains attachés " selon Ahmed, un de ses oncles qui habiteprès de Mulhouse. "Ils l'alimentent par un tube dans le nez. C'est de latorture ". Nabil Hadjarab a passé son enfance en France. Toute lafamille proche qu'il lui reste est française, comme son oncle Ahmed. Il estautorisé à lui parler régulièrement et à le voir via internet. Ahmed montre lapile de lettres envoyées aux autorités françaises pour faire rapatrier Nabil.Lettres auxquelles il dit ne jamais avoir obtenu de réponse.Arrêté après le 11 septembreNabil s'est fait arréter fin 2001, juste après les attentatsdu 11 septembre, en Afghanistan. Un de ses avocats, celui que France Info a rencontré,admet que là-bas le jeune homme a sans doute été en contact avec des islamistesradicaux mais cela fait-il de lui en dangereux terroriste? Non répond cetavocat. A l'époque, les Américains jugent tout de même qu'il faut l'arrêter. ilsl'embarquent à Guantanamo où finalement aucune charge n'est retenue contrelui et il y a 6 ans déjà, il est déclaré "libérable"."J'envisage de m'alimenter à nouveaulorsque je verrai des détenus quitter Guantanamo" (Nabil Hadjarab)Pourquoi la France n'accepte pas que Nabil soit libéré ? "Ona déjà fait ce qu'on a pu faire ", telle est la réponse du ministère desAffaires étrangères. En effet il y a quatre ans, la France a accepté sur sonterritoire, deux détenus algériens de Guantanamo. Joseph Breham, l'un desavocats de Nabil est convaincu que Paris doit renouveler l'expérience. "Iln'y a aucune raison juridique de ne pas renouveler l'expérience, parcontre, il y atrès probablement, une raison politique ", estime-t-il."Il faut que certains pays aient un peude courage politique" (l'avocat de Nabil Hadjarab)A Guantanamo, il y a aussi une cinquantaine dedétenus qui sont incarcérés pour une durée illimitée sans pouvoir bénéficier deprocès."Tout cela est contraire aux principes fondamentaux du droitinternational ", répètent les organisations de défense des droits de l'Homme.Qu'est-ce qui bloque le président américain ?Les prisonniers de Guantanamo demandent lafermeture de la prison. C'est un souhait de Barack Obama, mais beaucoup dechoses bloquent le président.Le Congrès américain a par exemple refusé dedégager les fonds nécessaires au transfert des prisonniers. Au-delà desaspects techniques, juridiques, ce qui bloque c'est aussi ce que représenteGuantanamo. Le symbole de cette prison ouverte juste après le choc desattentats du 11 septembre : "L'Amérique se croyait alors tout permiset il faut qu'elle le reconnaisse ", résume Geneviève Guarrigos, laprésidente d'Amnesty Internationale en France.En attendant Nabil et au moins une centained'autres prisonniers sont toujours en grève de la faim. Il déclarait récemmentà l'une de ses avocates : "J'envisage de m'alimenter à nouveau lorsque jeverrai des détenus quitter Guantanamo ".