Les Tunisiennes ont-elles à craindre pour leurs droits, un an après la chute de Ben Ali ?
L'irruption d'un pouvoir dominé par les islamistes d'Ennahda -même s'il se présente comme modéré- peut-il bousculer des droits acquis depuis Bourghiba pour les femmes tunisiennes ? Azza Turqui, journaliste à l'hebdomadaire Réalités, en est persuadée. Pour elle, les signes révélateurs de cette volonté de retour en arrière se sont manifestés très vite au lendemain des élections : "Certaines déclarations sur l'adoption, les femmes célibataires, les tenues vestimentaires, montrent que oui, le droit des femmes est menacé. Lorsqu'on dit que l'adoption c'est interdit pas l'Islam, alors que cela a été codifié, reconnu par la législation tunisienne, c'est un retour en arrière ".
Ennahda pourtant n'a pas été porté au pouvoir que par des hommes. Soumaya par exemple adhère totalement au programme du parti islamique : "Le droit des femmes, c'est vraiment dans la Charia. Il n'y a pas de quoi avoir peur. Le voile, ce n'est pas obligatoire. Et la minijupe, c'est pas interdit ". Discours rassurant. Et pourtant, dans les faits, des attaques ont eu lieu contre des cinémas, une télévision. Des salafistes ont même instauré une sorte d'Emirat dans un village. Des dérapages qui n'émeuvent pas Ennahda. Pire, ce pourrait être des ballons d'essai lancés volontairement par le mouvement, selon Bochrab Ladjamena, activiste féministe. Ce que certains observateurs appellent une "politique du clair-obscur".
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