Les petits patrons face à François Hollande
David Simonnet dirige Axyntis. Ce
n'est pas une PME mais une ETI, une entreprise de taille intermédiaire. Plus de
320 salariés, leader de la chimie fine en France. "Un chiffre d'affaires de 70
millions d'euros mais une trésorerie tendue ", dit ce patron. En 2009, frappée par la crise, sa
firme a perdu 20 millions de chiffre d'affaires. Une somme reconquise en 3 ans.
Depuis la semaine dernière et en
particulier l'annonce d'un crédit d'impôt, il s'active. Il sait que cela va lui
permettre de dégager environ 700.000 euros de trésorerie et il sait même déjà
ce qu'il va en faire. "On élabore actuellement notre budget 2013 et l'on
intègre cet apport. Ca va nous permettre un investissement dans l'innovation.
Nous allons acquérir des connaissances dans la chimie nouvelle ".
Des mesures pas adaptées aux TPE
Pour Be Angels, la situation est
beaucoup plus floue. Cette société conseille Yoplait, Orange ou encore Habitat
dans leur stratégie digitale. Une vingtaine de salariés qui sont
pour la plupart en mission chez les clients ou qui font du télé-travail. Et
pour Myriam Carville, directrice associée, il n'y a pour l'heure peu d'enseignements à tirer des mesures annoncées par le gouvernement. "Pas
suffisamment précises et pas suffisamment ambitieuses ", tranche-t-elle, "mais
je n'attends pas que le gouvernement fixe mon ambition. C'est à chacun de se
prendre par la main et de construire son entreprise et son dynamisme ".
Même chose pour les Etablissements
Martin Pellegrin. Une entreprise de câblage et de téléphonie, cinq salariés et
700.000 euros de chiffre d'affaires. Une TPE, très petite entreprise, qui n'est
visiblement pas la cible du choc de compétitivité. Mohammed Beghdadi, le patron, juge
que les effets seront quasi nuls pour sa société : "Il n'y aura pas d'impact
sur mes investissements. Ca ne va pas m'aider. Nous ne sommes pas ignorés mais
ces mesures visent des PME plus grandes que la nôtre. Nous ne faisons pas
partie de la cible aujourd'hui en tout cas ".
Dégager de la trésorerie, obtenir
les prêts des banques, obtenir le paiement des factures, voilà les problèmes
quotidiens auxquels ces petites entreprises sont confrontées. Un exemple concret :
Mohammed Beghdadi. Il voudrait investir 20.000 euros en 2013. Ses finances sont saines mais son
chiffre d'affaires baisse alors la banque rechigne à lui accorder un prêt.
Le patron des Etablissements Martin
Pellerin espère que le gouvernement allègera aussi l'impôt sur les sociétés. La seule mesure selon lui qui
donnerait de l'air aux petites structures comme la sienne.
"Il faut laisser les années de
dilettantisme derrière nous et se retrousser les manches" (un patron de PME)
François Hollande va s'exprimer mardi et ces patrons l'attendent évidemment. Pour Hervé Kabla, le directeur
général de Be Angels, c'est un cap qu'il espère. Il attend de la nouvelle
majorité qu'elle secoue les Français. Un discours selon lui plus audible de la
part d'un gouvernement de gauche qui ne serait pas aussitôt soupçonné de
favoriser les plus riches. Pour ce patron, il est urgent de se réveiller : "On
dégringole, il ne faut pas se leurrer. Regardez autour de vous dans les
premières heures de la journée, combien y a-t-il d'objets français ? Comparez
par rapport aux années 80 : votre poste de radio ? Votre cuisinière ? Votre automobile
? Votre ascenseur ? Ont-ils été construits en France ? Il faut laisser les
années de dilettantisme derrière nous et se retrousser les manches ".
David Simonnet, lui, veut une
déclaration forte. Le patron d'Axyntis en a assez des oppositions qu'il juge
stériles. Il trouve que les mesures annoncées la semaine dernière vont dans le
bon sens alors il faut enfoncer le clou : "On a assisté ces derniers temps à
des affrontements assez violents entre une frange du patronat qui défend avant
tout ses intérêts personnels et des syndicats qui sont parfois archaïques. Je
pense donc que le président, sur la base de ses récentes décisions, va définir
le bénéfice que chacun peut tirer de cette redynamisation du tissu industriel français ".
Les dirigeants de PME attendent
visiblement un cap, une orientation claire. Ils veulent entendre un vrai
discours de patron.
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