Les nouveaux visages du chômage
Être au chômage ne signifie plus ne pas travailler du tout. Un tiers des demandeurs d'emploi cumule des petits boulots. Pour eux, le chômage est souvent synonyme de précarité. Ils alternent des périodes sans activité avec des contrats courts... de plus en plus courts.
Une multiplication de contrats courts
Camille coordonne l'organisation d'événements, mais ne décroche que des contrats de quelques jours : "En 2012, je n'ai même pas travaillé deux mois pleins dans l'année , explique-t-elle. C'est vraiment beaucoup plus précaire qu'il y a trois ou quatre ans. " Son indemnité chômage a ainsi été divisée par quatre à 27 euros par jours.
"Cela ne me permet pas de vivre. C'est une impasse "
Avec 800 euros par mois, cette élégante femme aux cheveux blancs, accepte toutes sortes d'emplois pour boucler ses fins de mois : remplacement dans une compagnie d'assurance, cours d'informatique ou d'anglais... "Ça paye les courses de la semaine, mais cela ne me permet pas de vivre. C'est une impasse ", admet-elle.
Plus d'un chômeur sur deux non indemnisé
Aux cotés de ceux qui vivent de ces mini-jobs, il a y les demandeurs d'emploi qui ne touchent plus aucune allocation. Une autre facette du chômage, largement répandue. Plus d'un chômeur sur deux n'est pas indemnisé aujourd'hui. Et leur nombre augmente deux fois plus vite que ceux qui ont encore droit à une indemnité.
A cela deux raisons. D'abord, le chômage de longue durée. Les demandeurs d'emploi entrent au chômage et y restent jusqu'à épuiser leurs droits à une allocation. Ce n'est pas nouveau. Mais c'est malheureusement de plus en plus fréquent.
"Quand les gens savent que vous êtes depuis un moment au chômage. Vous arrivez à un stade où vous n'intéressez personne "
Régis ne touchera plus rien en mai prochain. Cela fait plus de 3 ans que ce quinquagénaire a été licencié : "J'ai postulé à plus de 400 annonces dans mon département, la Vienne. Je n'ai jamais eu de réponse positive. Quand les gens savent que vous êtes depuis un moment au chômage. Vous arrivez à un stade où vous n'intéressez personne ".
Mais parmi les chômeurs qui ne sont pas indemnisés, il y aussi ceux qui, à l'inverse de Régis, ne sont pas sans emploi depuis très longtemps. S'ils n'ont pas d'allocation, c'est qu'ils ne parviennent pas à travailler assez pour obtenir des droits à indemnité.
Interdiction de cumuler avec sa nouvelle activité
Toute la difficulté est alors de s'en sortir. Line a ainsi décidé de devenir auto-entrepreneur, faute de trouver un emploi. Elle a ouvert son atelier de tapisserie en Seine-et-Marne. Les affaires démarrent doucement. Avec quelques centaines d'euros les meilleurs mois, elle ne peut encore en vivre.
"C'est inhumain et absurde !"
Sauf qu'en septembre dernier ses allocations s'arrêtent net : elle n'a plus le droit de les cumuler avec sa nouvelle activité : "C'est très décourageant, explique-t-elle calmement. Je comprendrais si j'avais des rentrées d'argent régulières. Mais là, c'est inhumain et absurde ! "
Un cas particulier qui illustre pourtant les difficultés que rencontrent ceux qui essayent de sortir du chômage... Cela devrait persister. Le pic historique du nombre de demandeurs d'emploi de 1997, près de 3,2 millions, pourrait être atteint dès mardi soir. A cette différence près : il y a 16 ans, cela marquait la fin d'un trou d'air. Là, les difficultés économiques devraient durer. Et le chômage augmenter quelques mois encore.
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