Les animaux de ferme, nouvelle cible des voleurs
Nous
sommes près de Sarrebourg, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière
franco-allemande. Des deux côtés de la route nationale 4, il y a des champs à
perte de vue. C'est ici que s'est installé Robin Van Haaren pour élever des
agneaux et des brebis. Lorsqu'il nous accueille, ce jeune agriculteur est en
train de placer des caméras sur son exploitation. En l'espace de six mois, il
s'est fait voler un tiers de son cheptel, soit plus de 300 agneaux. Robin Van
Haaren a estimé sa perte à 20.000 euros. La prochaine fois, dit-il, les
assurances ne le suivront plus. Et son activité ne survivra pas à un autre vol
de ce type.
Les
voleurs de moutons de Robin Van Haaren ont été retrouvés un peu par hasard, lors
d'une descente de police dans un camp de Roms en région parisienne. Les forces
de l'ordre ont découvert des carcasses de moutons. Les bagues qui avaient été
posées sur les animaux ont permis de remonter jusqu'à leur propriétaire
mosellan. Dans le cadre de cette affaire, sept personnes sont actuellement
derrière les barreaux.
Des réseaux mafieux aux commandes
L'Est
de la France, et particulièrement les régions frontalières, sont les plus
touchées par ce phénomène. Près
de la frontière allemande, les vols dans les fermes ont augmenté de 90% en cinq ans. Les malfaiteurs sévissent le plus souvent à la nuit tombée. Les
animaux volés sont ensuite géréralement revendus sur des marchés et dans des
abattoirs clandestins selon la gendarmerie. Selon les autorités, ce sont des
réseaux très organisés qui se cachent derrière ces méfaits, notamment lorsqu'ils
concernent les machines agricoles. La gendarmerie a identifié des réseaux
mafieux qui opèrent depuis l'Albanie, la Bulgarie ou la
Pologne.
En
Moselle, les forces de l'ordre tentent d'endiguer ce phénomène de raids en
organisant des patrouilles dans les secteurs les plus reculés. Lorsqu'ils sont
appelés pour constater des vols, ils se rendent dans les parcs accompagnés par un
technicien d'investigation criminelle.
Des armes, "au cas où"
Les
agriculteurs de Moselle ont décidé de s'organiser. Ils envisagent de faire des
rondes nocturnes pour dissuader les malfaiteurs. Plusieurs éleveurs mosellans
nous ont confié s'être procuré des armes, "au cas où"... Pourtant, la profession
veut éviter de revivre un drame comme celui de Grignan dans la Drôme en 2010, où
un paysan avait tué un voleur de truffes à coup de fusil.
"Malheureusement
nous sentons la colère monter dans les campagnes" , raconte Gilles Becker éleveur
à Schalbach, un village situé à 30 kilomètres de Sarrebourg. Pour lui, les
pilleurs sont rarement interpellés et condamnés.
Jeudi,
le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a assuré à la profession que le
réseaux des polices européennes allait être mobilisé pour échanger des
informations et pour retrouver le matériel et les animaux volés dans les fermes
françaises. Désormais, des alertes à travers l'espace Schengen seront
systématiquement déclenchées.
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