D'après un sondage publié dimanche,56% des Britanniques veulent quitter l'Union européenne. Seuls 30% d'entre eux souhaitentrester au sein de l'UE.Une hostilité ambianteAu fond, le Royaume-Uni n'approuveque le marché unique. Il fustige la bureaucratie européenne et les "diktats "de Bruxelles. Peter Walker, qui dirigeune petite entreprise dans le sud de l'Angleterre, ne supporte pas d'être "soumis auxdécisions d'inconnus qui n'ont même pas été élus. Je veux que le Parlementbritannique me dise quoi faire. Je veux qu'une personne élue par un électeurbritannique me dise quoi faire ", insiste-t-il. "Pas justequelqu'un qui a postulé à un job et l'a obtenu à Bruxelles. "Ce chef d'entreprise voteconservateur. Mais l'hostilité envers l'Europe transcende les clivagespolitiques. A gauche aussi, les travaillistes veulent désormais en majoritéquitter l'UE.L'euroscepticisme ambiantest alimenté par les médias. Les journaux anglais adorent critiquer l'Unioneuropéenne.La crise de l'euro a biensûr renforcé le sentiment anti-européen, cette impression que des pays auxcultures et aux valeurs différentes ne peuvent pas travailler ensemble.Ensuite, à l'heure del'austérité, l'UE symbolise le gaspillage de l'argent public. C'est pourquoiLondres ne veut surtout pas augmenter le budget de l'Union européenne.L'Europe, c'est les autresEt puis il y a des raisonsplus profondes, historiques, liées à l'insularité du pays. La Grande-Bretagne alongtemps été un empire colonial, plus proche du Commonwealth que du "vieuxcontinent ". Ann Stevens, professeurémérite des études européennes à l'université d'Aston à Birmingham, rappelleque "les amis des Britanniques, historiquement, ce sont les Américains,les gens du Commonwealth, des peuples qui parlent la même langue que nous.Pendant des siècles, c'est en Europe qu'on trouvait les ennemis del'Angleterre, la France ou l'Allemagne. En Grande-Bretagne, on a peur quel'Union européenne nous prive de notre culture, nous enlève la livre sterling.On ne veut pas être dilués dans cette Europe républicaine, laïque, qu'on necomprend pas vraiment. En résumé, l'Europe c'est les autres. "Bientôt une sortie de l'UE ? Dans ces conditions,pourquoi donc rester au sein de l'Union européenne ? De nombreuxresponsables politiques britanniques militent aujourd'hui ouvertement pour unesortie de l'UE.Il existe même au Royaume-Uni un parti dont c'est le principal objectif : le UKIP, longtemps unmouvement confidentiel qui n'arrivait à percer qu'aux élections européennes.Désormais, selon certains sondages, le UKIP est la 3e forcepolitique du pays, devant les libéraux-démocrates. Il représente environ 10%des suffrages et menace le parti conservateur.Gerard Batten est l'un des douzedéputés européens du UKIP : "On ne déteste pas l'Europe voussavez, ce qu'on déteste, c'est l'Union européenne ", plaisante-t-il. "L'UEest une construction politique. D'abord c'est un désastre économique. Etensuite un désastre démocratique. Il n'y a pas de voie intermédiaire :vous êtes soit dedans soit dehors. Et c'est le problème de la vie politique icidepuis maintenant 40 ans. Les autres partis, conservateurs, travaillistes etlibéraux-démocrates, prétendent qu'on peut être dedans et rester un payssouverain. Ce n'est pas possible. "Et l'aile droite du particonservateur est maintenant sur la même ligne. Il met une pression terrible surDavid Cameron et exige un référendum sur l'Union européenne. Le dernierremonte à 1975.Un référendum sur l'Union européenne ? L'hypothèse d'un référendum est tout à faitprobable selon Charles Grant, du Centre pour la réforme européenne : "DavidCameron est faible dans son parti ", dit-il. "Il est impopulaire àdroite du parti conservateur. Pour avoir plus de contrôle sur les Tories, lePremier ministre doit donc donner de la red meat, de la viande rouge, aux"animaux" de l'aile droite, pour les apaiser. Et cette viande rouge,c'est un référendum sur l'Union européenne. David Cameron va donc probablementleur offrir cette promesse et ce sera alors très difficile pour Ed Miliband dene pas offrir la même chose alors que l'opinion britannique souhaite êtreconsultée. Et donc il y aura sans doute dans quelques années un référendum surl'Union européenne. "Même si les états-majors conservateurset travaillistes militent pour le maintien dans l'UE, une telle consultationserait politiquement très dangereuse tant l'Europe est impopulaire dansl'opinion britannique.On n'en est pas encore là,mais à Bruxelles, David Cameron se sait épié, pris en tenaille entre sespartenaires européens qui attendent des concessions et l'aile droite de sonparti qui lui demande de ne rien lâcher. Retrouvez le blog de Franck Mathevon, le correspondant à Londres de France Info.