Le Louvre-Lens, un musée... et un pari économique
Le TGV est à l'heure. 1h04 depuis Paris, 39 minutes depuis
Lille. Si proche
et si peu visitée. "On ne va pas se mentir ", reconnaît Marlène
Virey, à l'Office du Tourisme de Lens-Liévin. "Jusqu'à présent, on ne se
disait pas *' Tiens, je vais me faire un petit week-end à Lens'* ". Les
mines ont fermé, les usines textile aussi. Les Lensois ne semblaient
briller qu'en football, ce qui transformait les "sang et or" en demi-dieux
chtimis.
Et puis voilà qu'en 2003,
Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la
Culture, milite pour une décentralisation des grands établissements
culturels parisiens. Daniel Percheron, président du Conseil régional,
joue de ses contacts, noués lors d'une précédente opération nordiste, "Les Beffrois de la
culture ".
" Pas question de demander aux Lensois de payer deux fois leur musée " (Daniel Percheron)
En 2004, Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, désigne
Lens pour implanter ce deuxième Louvre. Le Conseil régional assure plus de la
moitié du budget de construction : 88 millions d'euros. En contrepartie,
Daniel Percheron réclame la gratuité de la future Galerie du Temps, salle
principale de l'établissement : "Pas question de demander aux
Lensois de payer deux fois leur musée ".
Le chantier commence, et avec lui une lumière semble se
rallumer dans le ciel gris des houillères. En 2008, une structure est créée,
Euralens, pour dynamiser l'économie, sur l'exemple du musée Guggenheim de
Bilbao. Les élus travaillent à réaménager les environs : renforcement du
réseau ferroviaire, réhabilitation des voies piétonnes...
Les cités minières agissent désormais ensemble, et les
entreprises suivent. Deux multiplex devraient voir le jour d'ici 2014, alors
que Lens n'avait plus de cinéma depuis 1999. Et des chaînes d'hôtels ont prévu
de s'installer, une fois que les chefs d'œuvre de Raphaël et Delacroix auront
prouvé leur pouvoir d'attraction.
Des hôteliers qui seront les bienvenus : pour
l'instant, la ville ne compte que 200 chambres en deux ou trois étoiles. Et
même si les communes voisines, Arras ou Béthune, peuvent dépanner, il faudra
davantage de places pour** accueillir le demi-million de visiteurs attendu chaque
année** . Quelques Lensois espèrent profiter du filon et ont déjà transformé leurs
maisons de briques rouges en chambres d'hôtes.
Mais "E st-ce que Lens est prêt à accueillir le
Louvre ? " s'interroge le maire, Guy Delcourt. "A cela je
réponds non parce que la commune subit encore son histoire passée ". Face
à la gare, on trouve une vieille brasserie désaffectée, et cet ancien cinéma
dont il ne reste que la façade. Lorsque ces espaces auront repris vie, le pari
sera gagné.
Le RC-Lens devra alors partager un peu de sa gloire avec le grand musée.
Les footballeurs ne demandent que ça. C'est d'ailleurs au stade Bollaert que
sera tiré mardi soir le feu d'artifice d'inauguration.
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