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Le gouvernement face au casse-tête de la violence en Corse

Sortir de la spirale de la violence et des règlements de compte en Corse. Avec des moyens supplémentaires d'investigation et une politique pénale "spécifique" au territoire corse, Manuel Valls, Christiane Taubira, et plus largement le gouvernement, espèrent enrayer ou au moins ralentir le cycle des homicides et des assassinats sur l'île.
Article rédigé par franceinfo
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Rapportée au nombre d'habitants, la Corse est aujourd'hui dans le peloton de tête européen des homicides volontaires. Depuis le début de l'année, 18 règlements de compte ont eu lieu dans l'île sans compter les tentatives.

A chaque fois, les enquêteurs et les magistrats sont face aux mêmes difficultés : l'absence d'éléments matériels, des tueurs déterminés et "professionnels", un milieu très fermé, en pleine recomposition, difficile à infiltrer et soumis à la loi du silence. Le tout compliqué par des structures policières et judiciaires où l'information, nerf de la guerre contre la criminalité, circule mal comme le souligne le procureur de Bastia dans un récent rapport interne.

Si la médiatisation des récents assassinats à Ajaccio de l'avocat Antoine Sollacaro et du président de la Chambre de commerce et d'industrie, Jacques Nacer, ont contraint l'Etat à réagir, le discours de fermeté et les appels à briser "l'omerta" ne rassurent qu'à moitié, voire braquent une population tristement habituée à la succession des règlements de compte au sein du grand banditisme local.

Guerre de succession

En réalité, de l'avis général, la situation n'est pas neuve. Depuis bientôt six ans, d'un bord à l'autre de l'île, une guerre de succession très complexe fait rage au sein du grand banditisme corse. En quelques années seulement, cette bataille rangée a déjà fait plus de morts que celle des nationalistes au milieu des années 90. Une guerre née de la disparition de grandes figures historiques, de "parrains" locaux, et de la montée en puissance d'une jeune garde décidée à ne plus rendre de compte aux ainés.

Un cocktail explosif qui mélange le business et les haines personnelles, les coups à rendre à l'adversaire, les "vendettas" familiales et les intérêts financiers. De ce réel tournant criminel, où les anciens nationalistes ne semblent plus avoir leur mot à dire, se dégagent des bandes organisées, prêtes à tout, dont les dérives mafieuses et l'usage de la terreur rappellent l'Italie. L'enjeu : le pouvoir, la terre, les ressources, l'immobilier, la manne touristique, les marchés de la nuit, les jeux, les stupéfiants mais aussi la main mise sur des outils de développement territoriaux où se concentrent les investissements publics.

Compter les points et les cadavres

Face à cette criminalité aveugle, qui frappe devant témoins et en plein jour, l'Etat semble pris de vitesse. Réduit à compter les points et les cadavres. "En Corse, rien n'est simple ", confie un magistrat du continent pourtant rompu aux dossiers difficiles sur d'autres juridictions sensibles. "La proximité, les liens familiaux et les amitiés compliquent notre travail, c'est un fait ", ajoute-t-il. Depuis le début de ce cycle de violence, la police judiciaire et la JIRS de Marseille, cette Juridiction spécialisée qui se saisit depuis 2008 des principaux dossiers corses dits de "criminalité organisée", luttent avec leurs moyens contre la radicalisation de cette situation.

La JIRS de Marseille est saisie d'une soixantaine de dossiers liées au banditisme corse, la moitié concerne de crimes de sang. De son côté, la police judiciaire, souvent pointée du doigt pour son faible taux d'élucidation, aurait à son actif une quinzaine de dossiers résolus, affirme l'un de ses responsables. Des dossiers qui devraient être jugés hors de l'île dans les mois, les années à venir. Localement, des policiers dénoncent le manque de moyens pour traiter les affaires à chaud comme à froid.

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