Le débat d'entre-deux tours, un rituel minutieusement préparé
"Vous n'avez pas le monopole du coeur" , "vous êtes devenu l'homme du passif" : ces petites phrases, restées dans la mémoire collective des téléspectateurs, ont été "préparées bien longtemps à l'avance" témoigne Michèle Cotta, qui a co-présenté le débat en 1981 et 1988. "Le débat, c'est du ski : des heures de montée pour cinq minutes de descente. Les candidats se préparent pendant des mois, tous les jours, tous les instants pour cette rencontre" .
Longueur de la table et température du plateau
La forme, elle aussi, est au coeur de toutes les préoccupations. Au lendemain du premier tour, les équipes des candidats, les chaînes co-organisatrices et le CSA se rencontrent à plusieurs reprises. Du choix du réalisateur à la couleur du décor, tout est discuté. En 1988, François Mitterrand avait ainsi obtenu que la table mesure exactement 1.70 mètre, car c'était la distance qui le séparait de Jacques Chirac quand celui-ci venait le voir dans son bureau à l'Elysée. Le soir du débat, le président candidat voulait rappeler à son premier ministre leur différence de statut.
Depuis, les équipes sont vigilantes à ce que rien ne désavantage leur champion. En 2007, un vif débat s'était ouvert sur "la température du plateau" , se souvient Patrice Duhamel, alors directeur général de France Télévisions. "Avec un thermomètre, les équipes ont constaté qu'il y avait un degré d'écart entre les deux places : il a fallu rétablir l'égalité absolue." En souvenir de cette âpre négociation, les candidats auront ce soir chacun un climatiseur.
Avant le face-à-face, "faire le vide "
Si beaucoup de choses se préparent donc en amont, ce qui se passe dans les dernières minutes avant le débat est aussi essentiel. Serge Moati, qui a été le conseiller de François Mitterand puis de Lionel Jospin pour le débat de l'entre-deux-tours, estime que le candidat doit "être vide avant l'entrée en scène, recentré sur ce qu'il est, sur ce qui l'a façonné" . "Je me suis retrouvé seul avec François Mitterrand dix minutes avant le débat" se souvient le réalisateur de la série documentaire "Elysée 2012, la vraie campagne". "Il m'a parlé des morts de sa famille. Il avait besoin de se recueillir" .
A quoi penseront François Hollande et Nicolas Sarkozy au moment d'entrer sur le plateau ? Personne ne le saura. Peut-être auront-ils à l'esprit l'importance médiatique de leur duel, que devraient suivre au moins 20 millions de téléspectateurs.
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