La profession de pharmacien en pleine mutation
Aujourd'hui, le chiffre d'affaire
d'une pharmacie provient pour 80 % des médicaments prescrits par les médecins,
le reste est apporté par la parapharmacie et les médicaments hors prescription.
Et une nouvelle menace plane sur cette profession : la baisse du prix des
médicaments qui est prévu dans le projet de budget de la sécurité sociale, examiné depuis mardi par les députés.
Mécaniquement, cela entrainera une
diminution de la marge des officines. Stéphane qui est pharmacien dans le 18°
arrondissement de Paris est à deux doigts de mettre la clef sous la porte : il
est en redressement depuis janvier dernier. "Depuis 4 ans on sent une
dégradation, explique-t-il, chaque année je gagne de moins en moins et je
crains que les jeunes se désintéressent de cette profession ".
Nouvelle mission pour les pharmaciens
Face à ce constat, le métier de
pharmacien va connaitre une profonde mutation même si le médicament aura
toujours sa place. L'idée des autorités est de charger les pharmaciens d'une
mission de conseil rémunérée. Cela prendra la forme d'entretiens
pharmaceutiques. Durant ces entretiens, il y en aura deux par an, le pharmacien
expliquera à certains de ses clients comment bien suivre le traitement qui lui
a été prescrit, comment et quand prendre leurs médicaments...
Pour cette nouvelle mission il
touchera un forfait de 40 € par an et par client suivi. "Ces nouvelles
missions sont indispensables pour enrayer la chute de rémunération "
estime Martial Fraysse, le Président du conseil de l'ordre des pharmaciens pour
l'Ile-de-France. Qui rajoute "pour le pharmacien cela va compenser la perte
de rémunération qu'il va avoir dans la vente de médicaments. Cette rémunération
va lui permettre une meilleure prise en charge et de ne plus être dans une
spirale consumériste de la vente de médicaments remboursables "
"La confiance des patients"
Ces entretiens pharmaceutiques seront
lancés en principe dès le mois de janvier. Dans un premier temps ils
concerneront le suivi des patients qui prennent des anticoagulants oraux. Ces
médicaments sont à l'origine d'environ 15 000 hospitalisations chaque année car
ils demandent des connaissances que les patients ne maitrisent pas. Si ces
entretiens prouvent leur efficacité, ils devraient s'étendre à d'autres
pathologies comme l'asthme, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.
Pour Gilles Bonnefond, président de
l'Union des syndicats de Pharmaciens d'officine, "après la prescription
du médecin, il y a toute une stratégie d'accompagnement des patients pour être
sûr que le traitement est toujours adapté. Et nous, les pharmaciens, nous
sommes les mieux placés pour assurer ce suivi car nous sommes à proximité des
patients. Nous sommes dans les villages et nous avons la confiance des patients ".
Une nécessaire formation
Les associations de patients sont
aussi favorables à la création de ces entretiens mais elles exigent que soit
mis en place, dans les officines, des espaces de confidentialité où le patient
pourra parler en toute discrétion. Christian Saout, le président du Collectif Inter
associatif sur la santé qui regroupe des associations de patients à un autre
souhait : que les pharmaciens soient formés pour mener ces entretiens. "Car,
précise-t-il, il faut être capable d'écouter ce que dit le patient. Il faut que
ça se fasse dans une bonne ambiance avec une considération pour le patient "
Les médecins ne sont pas fermés à
cette nouvelle mission des pharmaciens mais posent deux conditions : qu'ils
restent au centre des décisions prises pour les patients et que cela ne se
traduise pas par une perte de rémunération pour eux.
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