La prison, "asile républicain" ?
Ça lui a fait comme un flash. Quand il s'est réveillé après
sa première nuit en détention, "Nome", quadragénaire, a cru avoir 10
ans. Le fait d'être à nouveau dans un lit superposé. "Nome" a
ensuite eu d'importants troubles du sommeil. "Toutes les nuits, je
pensais, je pensais" . Il a pris un somnifère, plusieurs mois.
Aujourd'hui, même si la séparation d'avec sa famille le fait souffrir, il ne
prend plus de cachets. Parler avec le psychiatre est, dit-il, suffisamment "relaxant" .
Comme "Nome", 15% des détenus du centre
pénitentiaire de Meaux consultent un psychiatre. Contrairement à lui, beaucoup
prennent des psychotropes. Sur les dix médicaments les plus distribués, sept relèvent de cette catégorie. Pour aider à surmonter les difficultés liées à la
prison : "promiscuité, parfois insécurité, bruit, cela fait effet
boule de neige" , note Charlotte Fetton, psychologue au sein de la prison.
Mais il faut aussi traiter des "malades mentaux" , constate
Sébastien Coulot, médecin responsable de l'unité sanitaire. "Ils sont
captifs, privés de leurs moyens habituels de régulation - alcool, cannabis ou
autre - et on doit faire face à des décompensations" .
Infirmière de secteur psychiatrique, Angélique va plus
loin. "On a le sentiment que la prison devient l'asile républicain, avec
des détenus qui n'auraient rien à faire ici. Ils sont en rupture de soins à
l'extérieur parce que l'hôpital ne les prend plus en charge assez longtemps,
pour des questions de coût" . Dans l'infirmerie le téléphone sonne. Un
détenu a avalé toute sa boîte de médicaments. Une semaine de traitement. "Ce n'est pas forcément une tentative de suicide" , explique une collègue
d'Angélique. "Il y a des gens qui ne sont pas connectés partout comme il faut,
qui voient un paquet et se disent : 'ah, je ne sais pas quoi faire,
j'avale'"* .
*Cette soignante a préféré rester anonyme, son prénom a été
modifié.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.