La présidentielle finie, une cascade de plans sociaux ?
Le rythme des plans sociaux s'est ralenti pendant la campagne présidentielle.
C'est une donnée statistique qui émane du ministère du Travail. Le nombre de
plans de sauvegarde de l'emploi (nom officiel du plan social) a baissé de 18%
sur les deux premiers mois de l'année par rapport à la même période l'an dernier, alors que la conjoncture économique était bien meilleure à l'époque. Cela
signifie-t-il pour autant que les chefs d'entreprise ont sciemment reporté
l'annonce de plans sociaux pour cause d'échéance électorale ?
"Cela ne fait aucun doute" , selon Michel Ghetty, président de FIE, une
entreprise spécialisée dans le reclassement des salariés licenciés dans le cadre de plans sociaux : "Plusieurs entreprises qui ont des problèmes économiques
structurels ont résisté le plus longtemps possible parce qu'elles ne voulaient
pas devenir l'enjeu d'une joute électorale. Les dirigeants de ces entreprises
n'ont pas voulu être l'otage de la campagne électorale."
"Il est urgent d'attendre l'élection d'un nouveau président..."
Il y a plusieurs exemples de reports d'annonces douloureuses pour cause de
présidentielle. Air France entre autres. La compagnie aérienne est plombée par
plusieurs centaines de millions d'euros de pertes. Depuis le mois de janvier, le
nouveau patron Alexandre de Juniac dit vouloir prendre des mesures pour réduire
considérablement les coûts. David Ricatte, de la CGT Air France attend toujours
: "On nous a dit qu'Air France allait très très mal et qu'il était urgent
d'attendre six mois et l'élection d'un nouveau président pour lancer le train de
mesures les plus antisociales."
Beaucoup de secteurs risquent de connaître des plans sociaux
L'industrie (automobile, sidérurgie) mais aussi les services, téléphonie
mobile et grande distribution en tête. Bouygues et SFR ont été très impactés par l'arrivée de Free. Ils ont perdu
des centaines de milliers de clients chacun. Chez SFR, la CFDT parle de 500
suppressions de postes à venir.
De son côté, la grande distribution souffre notamment de la baisse de la
consommation des ménages. Carrefour pourrait supprimer entre 3.000 et 5.000
postes très prochainement selon les syndicats.
Mais si avalanche de plans sociaux il y a, cela n'impactera pas pour autant
les chiffres du chômage. Même s'ils sont souvent très médiatisés, même s'ils
cristallisent l'attention par effet de masse, ils n'infléchissent que très peu
les chiffres du chomage. Il suffit juste de regarder de près les inscriptions à Pôle Emploi, selon l'économiste Mathieu Plane de l'Observatoire français des
conjonctures économiques : "Les licenciements économiques ne représentent en
moyenne que 3% des entrées au chômage. C'est dix fois moins que les fins
d'intérim ou de CDD. Les licenciements économiques sont la dernière variable
d'ajustement des chefs d'entreprise, quand elles n'ont plus d'autre recours
possible."
Et si plans sociaux il y a, la plupart n'interviendront pas tout de suite, selon l'économiste Mathieu Plane. Les chefs d'entreprise attendent de voir ce
que le nouveau président va mettre en oeuvre pour favoriser l'emploi, s'il va
réussir à renégocier comme il le souhaite le pacte de stabilité
européen, et s'il durcit les conditions de mise en place des plans sociaux.
Pendant la campagne, François Hollande avait parlé de pénaliser les
licenciements boursiers.
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