L'automobile en crise : France Info chez PSA à Sochaux
Dans l'agglomération de Sochaux-Montbéliard, un salarié sur cinq travaille dans la filière automobile. Pour l'heure, pas de crise majeure. Mais un signe avant-coureur : les intérimaires. Ce sont eux les premiers licenciés lorsque que les commandes de voitures baissent. Melissa a achevé son dernier contrat chez le constructeur en juillet. Depuis, elle ne trouve plus de travail. En 10 ans d'intérim, elle assure n'avoir jamais connu de période de chômage aussi longue : "Les agences d'intérim m'assurent qu'il n'y aura rien avant la fin de l'année ", s'inquiète-t-elle. "Pour la première fois , avoue la jeune femme, je sens que cela va durer ". Il est vrai que les offres d'emplois dans l'industrie se sont effondrées : - 30% depuis le début de l'année.
"Dicton local : quand PSA tousse, les équipementiers s'enrhument"
Depuis la rentrée, PSA a réduit sa cadence et ne fabrique plus que 1.700 voitures par jour. L'usine compte aujourd'hui près de 12.000 salariés. Ils ont été jusqu'à plus de 40.0000, à la fin des années 70. C'est à cette époque que Pascal Gabriel a ouvert son salon de coiffure à Sochaux. Depuis l'activité n'a cessé de chuter. "On a perdu 30 à 40% de clients en 30 ans ", explique-t-il, avant de désigner les boutiques voisines fermées "l'une depuis un an, l'autre depuis 4 ans, toujours pas relouées ".
Aujourd'hui en Franche-Comté, 350 entreprises sous-traitantes travaillent pour l'automobile, selon les estimations. Toutes ne souffrent pas. Certaines pourtant sont en grande difficulté. "C'est un dicton local, quand PSA tousse, les équipementiers s'enrhument ", explique David Barbier, délégué CFDT de Trevest. L'équipementier va ainsi licencier 85 salariés sur 260, d'ici deux mois, soit presque un salarié sur trois. A l'origine de ses difficultés, une forte dépendance à PSA. Ce sous-traitant fabrique des sièges et des tapis de voiture, et vient de perdre un de ses marchés avec le constructeur automobile.
Beaucoup d'équipementiers poursuivent donc une autre stratégie : ils se diversifient, cherchent d'autres clients. Dans l'automobile, bien sûr, mais pas seulement. La Franche-Comté est une terre industrielle. A Belfort par exemple, sont implantés de grands groupes d'énergie. Denis Rezé, dirige Eurocade, entreprise d'une cinquantaine de salariés qui fabrique des faisceaux électriques. L'énergie, ce n'est encore que 5% de sa clientèle, mais il y croit, comme complément à l'automobile. "Ce ne sont pas de métiers très différents , assure-t-il. Nous nous servons de nos savoirs-faire issus de l'automobile pour fournir des équipements pour des panneaux photovoltaïques ou des groupes électrogènes ". Bon nombre d'entreprises de la filière automobile restent confiantes : elles évoquent une grande incertitude économique mais jurent que l'on est encore loin des difficultés de la crise de 2008-2009.
France Info s'installe à Sochaux aujourd'hui entre 12h et 14h. Autour de Bernard Thomasson, des invités pour réagir aux reportages de Julie Bloch-Lainé, Anne Lamotte et Baptiste Schweitzer.
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