Israël sous la pression des hommes en noir
Mea Shearim est à Jérusalem le quartier de ces hommes en noir. Ces juifs ultra-orthodoxes ont un mode de vie qui leur est particulier : les hommes le plus souvent étudient dans les yeshivas , écoles religieuses, tandis que les femmes travaillent ou s’occupent de leurs enfants (en moyenne 7 à 8 par famille). Dans ces ruelles de Mea Shearim, l’uniforme est celui-ci : redingotes et chapeaux noirs pour les hommes, jupes longues et parfois perruques pour les femmes. Les autobus qui desservent ces quartiers sont mixtes, mais pour suivre une règle tacite, les hommes s’assoient à l’avant et les femmes à l’arrière.
"On ne veut pas entendre des femmes chanter"
Si depuis plusieurs semaines maintenant le sujet fait débat en Israël, c’est parce que les plus radicaux de ces juifs ultra-orthodoxes tentent aujourd’hui d’imposer leurs croyances et leur mode de vie au reste de la population : à Jérusalem mais aussi à Bet Shemesh, une ville nouvelle située à une trentaine de kilomètres de là. Près de 40.000 habitants (sur 80.000) sont ultra-orthodoxes. Et à la fin de l’année dernière, une école a cristallisé toutes les tensions dans cette ville. Il s’agit d’une école religieuse, pour filles, mais que certains éléments les plus radicaux de la communauté orthodoxe jugent vêtues de manière "immodeste" (ou indécente). Le témoignage de la petite Naama, 8 ans, diffusé par la deuxième chaine de télévision israélienne, a ému le pays tout entier. L’enfant expliquait comment sur le chemin de l’école elle s’était fait insulter et cracher dessus par des hommes en noir.
Conseil interministériel sur la question des femmes
Le débat concerne également la place des femmes dans les autobus : la Cour suprême israélienne a été saisie. Au sein de l’armée, des cadets ultra-orthodoxes ont quitté des cérémonies pour ne pas entendre le chant de femmes soldats. Le débat a aussi porté, plus largement, sur la présence féminine dans la sphère publique : sous la pression des ultra-orthodoxes, les publicitaires ont peu à peu retiré tous les visages féminins des affiches placardées sur les murs de Jérusalem. Même à Tel-Aviv, des tensions ont éclaté dans le quartier de Ramat Aviv, où populations laïque et religieuse se disputent le contrôle de telle ou telle école, ou de telle synagogue.
Le président de l’Etat d’Israël, Shimon Peres, a été contraint de réagir et d’expliquer "que personne n’avait le droit de contraindre une passagère à s’asseoir à l’arrière d’un bus ". Le premier ministre Benyamin Netanyaou a mis en place un conseil interministériel chargé de plancher sur la question des femmes. Et les associations laïques, féministes, ou même moderne-orthodoxes se mobilisent. A Bet Shemesh fin décembre, et à Jérusalem il y a quelques jours, des femmes ont improvisé des "flash mob" dans la rue pour signifier qu’elles avaient le droit de danser, et tout simplement, de se montrer dans l’espace public.
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