Internet, un enjeu majeur pour les chaînes de télévision
Désormais, quand ils regardent leur programme préféré, trois téléspectateurs français sur quatre utilisent souvent en même temps un second écran. Ils surfent sur Internet grâce à leur mobile, discutent sur Facebook via leur tablette... et pourraient même en oublier de regarder la télé. Pour la première fois, cette année, le temps passé devant la télévision est en baisse aux USA, en Allemagne, au Japon au profit d'Internet.
Pour les chaînes, il est donc devenu essentiel de s'adapter à ce public très connecté de peur de le voir s'échapper. Pour cela, elles incitent les téléspectateurs à utiliser ce second écran pour discuter en temps réel des programmes, comme s'ils étaient à la machine à café. Cette tendance, appelée la "social TV" ou "télévision sociale", est de plus en plus forte : ainsi le concours "Danse avec les stars" sur TF1 a suscité 2,3 millions de messages sur Twitter depuis le début de la saison, un record. C'est bon pour l'audience et c'est très instructif pour la chaîne, reconnaît Cyril Garnier, le président de My-TF1 : "On sait désormais comment les gens réagissent, ce qui les a émus, ce qui les a enthousiasmés. C'est un indicatif qualitatif très intéressant."
La frontière entre télévision et Internet est en train de disparaître, constate Boris Razon, qui gère la stratégie numérique du groupe France télévisions : "Le public a un pied dans le numérique, un pied dans les médias traditionnels. Nous, on doit leur proposer des expériences qui mêlent les deux, numérique et télévision" . Cela se traduit de manière très variée : la série "Plus belle la vie" par exemple, invite ses fans à résoudre une énigme sur Internet, un documentaire sur le viol s'accompagne d'un site appelant au témoignage... "Aujourd'hui, un programme a un cycle de vie" note David Carzon, le monsieur web d'Arte. "Il vit avant, pendant et après sa diffusion. Nous devons l'accompagner sur Internet à tous les instants".
Et pour certaines émissions, comme Taratata, Internet devient même aussi important que la diffusion à la télévision. L'émission musicale, qui fêtera l'année prochaine ses 20 ans, a désormais une "chaîne" sur YouTube, où on trouve des interviews et des coulisses spécialement filmés pour le web. "On s'est lancé dans l'aventure par frustration" reconnaît Nagui, animateur et producteur. Comme l'émission est diffusée très tard sur France 2, "on trouvait qu'elle n'avait pas le public qu'elle méritait. En un mois, on a eu un million de vues sur YouTube : c'est cinq fois plus qu'un Taratata normal."
Nagui n'est pas le seul à avoir fait le choix du web : de célèbres producteurs audiovisuels comme Capa ou Endemol ont aussi lancé leur chaîne sur YouTube. La plateforme, qui appartient à Google, espère ainsi capter une partie du marché publicitaire du petit écran. La bataille de la télévision aura bien lieu sur Internet.
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