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Groupes "cités" : dealers sur écoute

REPORTAGE - Depuis octobre 2009, des unités de police judiciaire spécialisées travaillent sans faire de vagues au démantèlement de trafic de stupéfiants dans les quartiers les plus sensibles d'Ile-de-France. Leur nom : les groupes "cités". Leur arme principale : les écoutes téléphoniques. France Info a accompagné l'un de ces groupes à Paris. Des écoutes aux interpellations.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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6 heures du matin, sur les ondes radio, une
voix donne le "top intervention" aux policiers des Brigades de recherche et
d'intervention. Simultanément, dans plus d'une dizaine d'adresses du nord de la
capitale et de la proche banlieue parisienne, les portes des appartements
cèdent sous l'action des béliers hydrauliques. Les policiers investissent les
lieux et interpellent aussitôt leurs cibles en présence des membres de leurs
familles, abasourdis, à peine réveillés ou habillés. Les chiens des brigades
canines explorent les pièces et les recoins des parties communes à la recherche
de stupéfiants ou de matériel pour peser ou couper le produit. Ils "marquent"
à plusieurs reprises.

Des saisies de drogue sont effectuées

Ici, de l'argent
en espèce et une galette de crack dans une armoire. Là, un sachet de cocaïne
dans la doublure d'un siège bébé. Moins d'une heure et demi plus tard, tous les
suspects sont dirigés vers les cellules dans l'attente de leurs avocats. Les
gardes-à-vue vont débuter.

"On n'a pas forcément besoin de grosses saisies ou
d'aveux
", explique Laure du groupe "cités" du 2e DPJ de Paris.

"Si on a du
produit, évidemment c'est mieux, mais l'essentiel du travail on l'a déjà fait
avant, en amont, grâce aux écoutes et au travail sur les individus."

Depuis exactement 3 ans, en Ile-de-France, des groupes de police judiciaire (4
à Paris et en petite couronne) privilégient les enquêtes longues basées sur les
interceptions téléphoniques pour faire tomber les réseaux de trafic de
stupéfiants des quartiers les plus difficiles à infiltrer et surveiller.

Dans
le jargon, ces unités stups se nomment les groupes "cités ". Au 2e district de
la police judiciaire de Paris, dont l'activité s'étend sur le nord et l'est de la
capitale, le groupe "cités " est considéré comme l'un des groupes phares. Neuf
hommes et une femme. Moyenne d'âge : 33 ans. "Le groupe ne s'est pas fait en
un jour
", reconnaît David, le chef de groupe.

"Il m'a fallu quelques mois avant
de constituer la bonne équipe. J'ai recruté des gens qui alliaient l'expérience
de terrain et une bonne connaissance de la procédure. Notre force, c'est le
travail de longue haleine sur les écoutes
".

En enquête préliminaire puis sous
l'autorité d'un juge d'instruction, le groupe "cités " a fait de
l'interception téléphonique ciblée son arme principale pour identifier les
caïds de la drogue et leur réseau dans les cités dites sensibles.

Ecouter et
décrypter les codes des trafiquants

A l'origine des affaires, le plus souvent, un renseignement donné par un indic,
un flagrant délit, un numéro de téléphone. Un fil assez ténu qui, de
recoupement en surveillance, d'écoutes en géolocalisations, permettra de dresser
un premier tableau de l'organisation. De quoi ouvrir une information
judiciaire. Avec le temps, les écoutes, le travail de terrain, la carte
s'affinera : leaders, lieutenants, fournisseurs, "blanchisseurs", "nourrices ",
clients. Les transactions et les livraisons sont enregistrées, retranscrises
sur des centaines de PV qui nourriront la procédure. Les acteurs du trafic sont
identifiés puis photographiés lors de filatures et de surveillances. Leurs places
dans l'organisation sont établies. L'échelle du "business" est évaluée.
Parfois, l'enquête entraine le groupe "cités" hors de la capitale comme l'an
dernier sur un "Go Fast " entre Paris et l'ouest de la France.

"C'est un travail très particulier et nouveau au sein de notre maison",
explique Vianney Dyevre, le patron du 2e district de police judiciaire.

"On leur
donne du temps mais en échange, grâce aux écoutes, ils tapent plus loin, plus
profond dans les structures du deal dans les cités. Ils apprennent très vite
beaucoup de choses sur la nature du trafic".

"En quelques semaines ", poursuit
Vianney Dyevre, "ils sont capables de décrire parfaitement qui fait quoi et qui
compte vraiment dans le réseau. C'est un travail plus long mais souvent plus
efficace au moment de conclure l'affaire. C'est dans tout les cas
complémentaire de nos autres groupes stups".

 

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