Alger et Paris montrentune volonté commune d'aller de l'avant dans leurs relations délicates, sanspour autant occulter le passé. Après avoir longtemps demandé la repentance dela France pour ses crimes coloniaux, l'Algérie semble moins crispée sur cettequestion qui a pollué les rapports entre les deux pays depuis des décennies.François Hollande a faitrécemment des gestes appréciés, mais il doit aussi tenir compte des harkis etdes pieds noirs. De Mitterrand à Sarkozy, en passant par Chirac, l'histoire etle passé colonial ont été déterminants dans les relations franco-algériennes.La question de la repentance longtempsréclamée par les Algériens est en train d'évoluer chez les responsablespolitiques. Cela n'a pas empêché leministre algérien des Affaires étrangères de redire il y a quelques jours que la question de la mémoire et du passé colonialserait "inévitable" .Pour les Algériens c'est toujours unsujet sensible. On n'oublie pas 132 ans de colonisation et une guerred'indépendance meurtrière, mais il y a les préoccupations de l'Etat, et celledu peuple qui fait bien la différence : "C'est au nom de l'Etatqu'on a tué, donc l'Etat doit demander repentance ", dit une jeune femmequi estime en même temps que pour le peuple, tout cela est de "la poudreaux yeux ".Algerse fait belle pour HollandeAujourd'hui,les Algérois regardent avec une pointe d'humour leur ville que l'on repeintpour la venue du président français, mais la préoccupation des jeunes, c'est plutôtl'avenir et que l'on tourne la page : "Qu'ils nous fassent desexcuses, ça me gonfle ", explique une jeune interprète.Va-t-onavancer, enfin, avec François Hollande qui n'a pas de passif avec l'Algérie, etqui a donné des signes positifs qui semblent appréciés par le présidentBouteflika ? Peut-être.Larepentance, on peut en discuterIlest vrai que le geste du président français reconnaissant la répressionsanglante du 17 octobre 1961 à Paris est un pas apprécié, mais jusqu'oùira-t-il dans la reconnaissance du fait colonial ? Mohamed AlCorso, historien, étaitjusqu'alors parmi les plus virulents : "La repentance, on peutdésormais en discuter " car Hollande a donné des signes positifs, mais"il faudrait qu'il reconnaisse que le fait colonial a été destructeur en Algérie. "Hommageà AudinFrançoisHollande doit faire un autre geste très symbolique en arrivant à Alger. Il serendra place Audin, au cœur de la capitale algérienne. Maurice Audin était unmathématicien communiste, qui avait pris parti pour la guerre d'indépendancedes Algériens. Il avait disparu après avoir été arrêté par des militairesfrançais en 1957.Les historiens pourront-ils enfin se plonger dans cette histoiredouloureuse ? C'est le rêve algérien de Tarik Guezali, un ingénieur francoalgérien qui vit sur les deux rives de la Méditerrannée à Marseille et à Alger,et qui rêve d'une réconciliation "comme la France et l'Allemagne ontsu le faire ".