Cet article date de plus de douze ans.

Des Palestiniennes à l'assaut de la mairie d'Hébron

Elections locales ce samedi en Cisjordanie. C'est le premier scrutin organisé dans les territoires palestiniens depuis 2006. Même si le Hamas a décidé de les boycotter, elles auront valeur de test pour l'Autorité palestinienne confrontée à une crise financière et économique sans précédent. A Hébron, la grande ville du sud de la Cisjordanie, une liste entièrement féminine se présente.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Maysoun Qawasmi, 43 ans, mère de cinq enfants, journaliste et depuis quelques
semaines femme politique. Avec dix colistières, elle a créé une liste
indépendante de femmes "En participant, nous pouvons"  pour se présenter
aux élections municipales à Hébron, la grande ville du sud de la Cisjordanie
(180.000 habitants au milieu desquels vivent, dans la vieille ville, environ 450
colons israéliens).

Avec une vraie fougue, et beaucoup de conviction, Maysoun
Qawasmi fait du porte-à-porte, rencontre les ouvriers dans les usines du coin, ce jour-là une fabrique de matelas, et souvent convainc les hommes. Pourtant ce
n'était pas gagné d'avance dans une ville considérée comme très conservatrice,
parfois surnommée "la ville du Hamas" . Avec un discours social et
féministe, Maysoun espère emporter deux ou très sièges au conseil municipal qui
en compte quinze : "N ous sommes fortes, nous sommes ambitieuses" , dit la mère
de famille. "En Palestine, les femmes usent de leurs droits peut-être plus
qu'ailleurs dans le monde arabe. L'occupation nous a appris à devenir des femmes
de tête !"

En Cisjordanie, pas à Gaza

Ces élections sont les premières
organisées dans les territoires palestiniens depuis les législatives de
2006. Mais le Hamas au pouvoir à Gaza a choisi de les boycotter, et le scrutin
n'aura donc lieu qu'en Cisjordanie (et encore dans 91 sur 353 municipalités) et
pas dans la bande de Gaza. Au total, près de 4.700 candidats (dont environ 25%
de femmes) se disputent un millier de sièges.

Le scrutin va se dérouler sur fond
de vif mécontentement socio-économique. Depuis le début septembre, les
manifestations se sont multipliées à Ramallah, Hébron ou encore Naplouse pour
dénoncer l'envolée des prix, ou le non payement des salaires. Les slogans anti
Abbas ou anti Fayyad (son Premier ministre) sont de plus en plus audibles. Ces
élections auront donc valeur de test pour l'Autorité Palestinienne et son
président Mahmoud Abbas. Mais beaucoup d'observateurs politiquent notent aussi
qu'elles vont creuser encore un peu plus le fossé qui existe entre la
Cisjordanie et la bande de Gaza. Aussi entre le Fatah et le Hamas, dont la
réconciliation sans cesse annoncée semble de plus en plus
illusoire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.