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Des footballeurs français en mal de soutien populaire ?

Un exploit ou la porte... L'équipe de France de football, battue 2-0 en Ukraine vendredi soir en barrage aller pour la Coupe du Monde au Brésil, joue son match retour ce soir à 21h au Stade de France, avec l'obligation de marquer au moins deux fois, voire trois fois pour espérer prendre son ticket. Les Bleus doivent se révolter et espèrent évidemment compter sur le soutien de leur public. Mais c'est peu dire que leur image et leur cote de popularité dans l'opinion n'est pas au beau fixe. 
Article rédigé par franceinfo
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Le désamour entre les Français - amateurs de foot ou non - et leur équipe nationale n'est pas nouveau, mais il a sans doute atteint des sommets récemment avec la publication d'un sondage BVA pour le quotidien Le Parisien le 13 octobre dernier. 82% des sondés disent avoir une "mauvaise opinion " des Bleus, considérés entre autres comme "grossiers ", "trop payés " ou "trop individualistes ".

Une impopularité dont l'ampleur interpelle, et manifeste finalement bien le rapport complexe et passionnel que l'opinion publique entretient avec une équipe dont les moindres faits et gestes sont désormais commentés et deviennent parfois de véritables affaires d'état. Surtout depuis la fameuse "grève de Knysna", à la Coupe du Monde 2010.

Le souvenir de Knysna

Après deux matchs sans victoire dans leur groupe, les Français sont mal en point et ne goûtent pas la une du quotidien l'Equipe de la veille, qui retranscrit les propos outranciers qu'un joueur aurait proféré au séléctionneur Raymond Domenech. Les Bleus décident alors de ne pas s'entrainer, en direct devant de nombreuses caméras de télévision, et Domenech est contraint de lire d'une voix blanche un communiqué des joueurs aux médias. Un épisode surréaliste et désastreux en termes d'image, qui déchaînera alors les passions en France et ailleurs.

Roselyne Bachelot était ministre de la Santé et des Sports à l'époque et avait fait le voyage en Afrique du Sud. Elle se souvient, et revient sur cette épisode presque heure par heure au micro de Matteu Maestracci pour France Info (à écouter ci-dessous ). 

L'affaire de Knysna, qui a cristallisé beaucoup de passion et de ressentiment, est l'un des épisodes "fondateurs " de l'impopularité des footballeurs français, mais elle n'est qu'une des raisons. En cause également, les salaires des joueurs, qui apparaissent parfois indécents à certains en période de crise économique; les incidents à répétition, comme les insultes de Samir Nasri aux journalistes à l'Euro 2012; les affaires de mœurs; la qualification douteuse pour le Mondial 2010 avec la main de Thierry Henry; ou encore la sortie virulente fin octobre du défenseur Patrice Evra (qui avait écopé de 5 matchs de suspension après Knysna) en forme de règlement de comptes envers quatre consultants audiovisuels influents.

L'absence de résultats

Mais la raison centrale, qui conditionne sans doute tout le reste, c'est l'absence de résultats au plus haut niveau ou dans une compétition internationale. Les Bleus n'ont gagné aucun titre depuis l'Euro 2000. Et ils pourraient bien, en cas d'élimination ce soir, rater leur première Coupe du Monde après quatre éditions de suite depuis 1998, année de leur titre mondial. Une équipe sans titre fait forcément moins rêver, et peut devenir un défouloir pour un public français stressé.

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Pour Gilles Portelle, directeur général de l'agence de communication Havas Sports and Entertainment, on est alors "dans le café du commerce, et les footballeurs deviennent soudainement antipathiques ou trop payés...même si des ajustements de comportement sont indispensables, la réaction des Français peut aussi parfois être excessive ou de mauvaise foi ".

Depuis Knysna, lorsque la FFF avait été contrainte de rembourser environ 2 millions d'euros pour un supposé "manque à gagner", les sponsors et partenaires de l'équipe de France, qui injectent 62 millions d'euros par an, ont décidé de conditionner et proportionner leur apport à la cote de popularité des Bleus, mesurée chaque mois à travers des sondages par l'agence de marketing Kantar, qui accorde des notes aux footballeurs français, la dernière par exemple était d'à peine 5 sur 10 en septembre.

Les audiences restent bonnes

Mais paradoxalement, les matchs des Bleus continuent de faire de très bonnes audiences à la télévision (plus de 9 millions de personnes devant TF1 vendredi soir) et les stades où ils se produisent sont bien souvent presque remplis. On est donc en présence d'une dualité amour-haine souvent excessive, parfois caricaturale, et passionnée, même si elle l'est beaucoup moins que chez nos voisins italiens, anglais ou espagnols. 

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Mickael Landreau, 34 ans, troisième gardien de l'équipe de France, estime que "de toute façon en France, on aime bien taper sur les footballeurs et critiquer tout le temps, c'est dans la mentalité française " (à écouter ci-dessous ). 

Et si on regarde les reproches régulièrement faits aux footballeurs français, on s'aperçoit aussi que les éditorialistes ou commentateurs de la vie française dans les médias, souvent prompts à avoir un avis sur tout, prennent fréquemment en exemple dans un registre un brin démagogique, les basketteurs ou handballeurs, qui seraient pour résumer "simples, sympa et accessibles" à l'inverse de leurs homologues footballeurs.

Mais les premiers intéressés ne sont pas forcément d'accord, ainsi le basketteur Ali Traoré, pivot de Nanterre et de l'équipe de France, estime que ce débat est "totalement démago, parce qu'il y a aussi des cons dans le hand ou le basket, que le public ne pardonne plus rien aux footballeurs ", et qu'on "ne parle pas assez des gens bien présents dans cette équipe, alors qu'ils existent, mais qu'en revanche on parle trop des autres ". 

Il faut quand même préciser qu'absolument toutes les personnes interrogées sont persuadées que les opinions favorables aux Bleus progresseront automatiquement en cas d'exploit ce soir à domicile, et de qualification pour le Brésil. Même si jamais jusqu'ici dans l'histoire des barrages, pour un Euro ou un Mondial, une équipe n'a pu remonter un retard de 0-2 en sa défaveur. 

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