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Ukraine et énergie : la circulation mondiale des matières premières profondément modifiée

L'énergie a été un des fronts secondaires de la guerre en Ukraine, utilisée comme une arme économique par la Russie et par l'Europe.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La guerre en Ukraine et l'énergie. L'Europe a su s'adapter, trouver d'autres fournisseurs, développer des alternatives, mais les prix de l'énergie ne sont pas prêts de baisser. (Illustration) (ANTON PETRUS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Alors que la guerre en Ukraine est entrée dans sa deuxième année, "le mot de l'éco" aujourd'hui est double : Ukraine et énergie. En un an de conflit, c'est une sorte de révolution qui s'est produit dans le secteur de l'énergie : réorganisation des marchés, valse des prix, et accélération sous contrainte de la marche vers la transition énergétique.

franceinfo : Pour bien comprendre ce qui est en train de se produire, revenons sur le "film" de l'année

Grégoire Lecalot : Dès l'invasion russe, Moscou commence à poser la main sur le robinet de gaz. Et l'Europe comprend sa douleur. Elle dépend des précieuses molécules russes pour la moitié de sa consommation, la totalité même dans certains pays. Durant tout le printemps et l'été, en pleine saison du remplissage des stocks souterrains, la Russie mène une guerre des nerfs en interrompant plusieurs fois les livraisons de gaz.

Aujourd'hui, Gazprom n'exporte quasiment plus vers l'Europe, sauf pour des pays qui ont négocié, comme la Hongrie. Le prix du gaz aura augmenté de 200% avec des bonds à 340 euros le mégawatt/heure sur les marchés, contre 80 en février 2022.

Les prix de l'électricité ont fait pire encore. Pire, à cause de la construction du système de prix européens, connectés au gaz. Ils passent d'une centaine d'euros le mégawatt/heure au déclenchement de la guerre, à près de 750 euros l'été dernier.

Par ailleurs, le plafonnement des prix du pétrole, et l'embargo européen contribuent à maintenir un prix du baril élevé. Moscou a décidé de réduire sa production, par mesure de rétorsion. Pour le plus grand profit des pays producteurs. Ce qui pousse le prix du baril à frôler les 90 dollars.

Un an après, quelles sont les conséquences ?

L'énergie ne tourne plus dans le même sens ! La circulation mondiale des matières premières a été profondément modifiée. Le gaz d'Europe qui venait de Russie vient à présent des Etats-Unis. Un vieux rêve de Washington devenu réalité, grâce à Moscou.

Dans l'urgence, les Européens se sont en effet tournés vers le gaz naturel liquéfié, qui arrive par bateau, et il provient surtout des Etats-Unis. Seulement, il est d'abord plus cher que le gaz russe, mais aussi polluant, car issu de la fracturation hydraulique – les gaz de schiste – et il demande plus d'énergie pour son traitement.

Mais il y a peut-être aussi une conséquence positive à ce bras de fer énergétique avec la Russie : l'accélération du développement des énergies renouvelables et de la transition énergétique. Les Etats européens veulent diminuer leurs dépendances face aux énergies importées. Le plan européen RepowerUE prévoit des financements complémentaires, et facilite l'implantation des parcs solaires et éoliens.

Un an après le début de la guerre, l'Europe a su montrer sa souplesse et sa résistance. Contrairement à ce qu'il espérait, Vladimir Poutine n'a pas réussi à lui faire une clé de bras avec l'énergie. L'Europe a su s'adapter, trouver d'autres fournisseurs, développer des alternatives. Mais le prix est lourd : environnemental avec le GNL, et économique. Les prix de l'énergie ne sont pas prêts de baisser, et ils entraînent l'économie, qui n'évite que de justesse la récession. Pour l'instant.

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