Loi Travail : les blocages vont-ils peser sur la croissance ?
Engagée dans un bras de fer avec le gouvernement, la CGT a bien l’intention de maintenir la pression en paralysant les ports, des raffineries, des terminaux pétroliers. D'ailleurs Manuel Valls reçoit ce samedi tous les acteurs du secteur pétrolier pour faire un point de la situation.
Le secteur pétrolier est le plus touché par les blocages
Mais aucune compagnie pétrolière ne donne de chiffre précis des pertes causées par ce mouvement. Total, dont 4 des 5 raffineries sont à l’arrêt, explique qu'il faudra plusieurs jours pour avoir une évaluation globale des conséquences économiques. Car en plus des raffineries, il y a aussi les stations-services du groupe qui sont à sec, moins de 700 aujourd'hui, alors que d'autres, toujours approvisionnées, ont vu leur volume de ventes multiplié par trois. Des pertes d'un côté, des gains de l' autre. Il faudra donc attendre pour avoir des comptes précis.
Certains secteurs ont eux déjà sortis la calculette. L’ Union des Industries de la Chimie estime le coût des blocages à 10 millions d'euros par jour. Quant au transport de marchandises, au ralenti à cause du manque de carburant dans certaines régions, là, les pertes s'élèveraient à 20 millions par jour.
Et puis surtout, il y a les conséquences en cascade, liées justement aux difficultés de livraisons et d’approvisionnement, dans le BTP, chez les artisans et les petits commerces. Les fleuristes notamment sont très inquiets pour ce week-end de fête des mères, où ils réalisent traditionnellement près de 15 % de leur chiffre d'affaire annuel.
Faible impact sur le PIB
Pourtant, l’impact direct sur la croissance devrait rester limité. C'est l' analyse de la plupart des économistes. Car même si des secteurs stratégiques sont directement touchés, l’énergie et les transports essentiellement, pour l' instant toute l'économie n' est pas à l'arrêt.
D'après l’institut COE Rexecode, en l'état actuel des choses, c'est à dire s'il n' y a pas d'amplification massive des blocages, cela pourrait coûter à la France 0,1% de PIB.
Pas neutre donc, mais pas de nature à bouleverser les grands équilibres de l'économie française. Pour donner une comparaison, d'après l'INSEE, les grandes grèves de l'hiver 95, contre la réforme des retraites, qui avaient paralysé les transports, avaient coûté 0,2 point de PIB à la France.
Pas d'impact massif sur la croissance ne veut pas dire : pas de conséquence
D'abord, il y a quand même un effet psychologique, un climat de tension qui évidemment n'est pas de nature à accélérer la reprise de l'économie. Et puis surtout, cette crise autour de la loi Travail risque de peser sur l’image de la France à l'étranger.
Auprès des investisseurs, auprès des touristes aussi, alors que l’ Euro de Football va débuter le 10 juin. D'après les deux principales organisations de la restauration et de l'hôtellerie, pour ce week end, 20 % des réservations ont été annulées dans le grand Ouest, plus de 15 % à Paris.
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