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Le mot de l'éco. WeWork : une success story devenue un cauchemar

2400 emplois vont être supprimés dans le monde. La belle histoire de WeWork, l'entreprise de 600 bureaux partagés tourne au désastre après la tentative ratée d'introduction en bourse en septembre. 

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
New York, le 13 septembre 2019. Un bureau de l'entreprise WeWork. La compagnie va supprimer 2400 emplois.  (GETTY IMAGES)

WeWork, c’est une start-up américaine spécialisée dans les bureaux partagés. Une saga en forme de successstory comme on les aime, de l'autre côté de l'Atlantique, ou plutôt un miroir aux alouettes, s'interroge désormais la place financière.  

Ce sont plus de 600 bureaux partagés dans les grandes villes du monde entier : de New York à Singapour en passant par Londres, Paris et Tel-Aviv, des espaces de coworking que le monde branché de la tech ne renierait pas, avec du mobilier design de couleur vive, du café à volonté et des tables de ping-pong.  

À l'origine, une belle histoire racontée par un homme charismatique : Adam Neumann, beau gosse quadragénaire israélo-américain, au bagou d'enfer, qui a grandi dans un kibboutz et qui a réussi à convaincre l'un des hommes les plus riches de la planète - le patron du fond d'investissement japonais Softbank - d'investir plusieurs milliards de dollars dans son projet. Les clients affluent, trop contents d'avoir leurs noms accolés à cette success story et, à terme, pourquoi pas, de déléguer la gestion de bureaux à WeWork.  

La belle histoire s'est transformée en cauchemar

Ashton Kutcher à gauche et Adam Neumann à la deuxième finale mondiale des WeWork Creators Awards à Los Angeles le 9 janvier 2019. (GETTY IMAGES FOR WEWORK)

Adam Neumann, visiblement, avait surtout l'intention de gagner un maximum d'argent en un minimum de temps, au point de se mettre en conflit d'intérêt.  

Problème de gouvernance aussi, Adam Neumann a fini par être évincé de sa propre boite au mois de septembre. Mais la cerise sur le gâteau, ce fut une tentative d'introduction en bourse complètement ratée cet automne, car les investisseurs qui, eux, regardent la réalité des chiffres, ont eu la confirmation de ce qu'ils pressentaient : WeWork est un gouffre financier, les pertes sont colossales et la création de valeur, finalement infime.e

Juste un chiffre pour se rendre compte : la valorisation de WeWork était de 47 milliards de dollars cet été, elle est tombée à moins de 8 milliards ce mois-ci.  

2400 suppressions de postes annoncées cette semaine  

Les premières suppressions de postes ont été annoncées cette semaine et elles sont d'envergure. 2400 personnes vont être licenciées, c'est 20% de l'effectif global. Et ce n'est peut-être que le début car des filiales devaient aussi être soit vendues, soit fermées, et des fonctions de maintenance externalisées.  

Attention, préviennent certaines analystes financiers. Le cas de WeWork n'est pas isolé. Chaque fond d'investissement veut absolument découvrir sa licorne quitte à tomber dans le panneau. Ainsi, la jeune Elisabeth Holmes, 19 ans, avait arnaqué les investisseurs, promettant de révolutionner les prises de sang. Une fiction technologique à laquelle a voulu croire la Silicon Valley ; les investisseurs avec.

Retenez bien la leçon : un  cheval auquel on colle une corne n'est pas forcément une licorne !

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