Le mot de l'éco. Les "défaillances" dans le monde agricole
Si le nombre de redressements et de liquidations judiciaires a baissé l'an dernier en France (-8%) - signe que l'économie reprend des couleurs - ce n'est pas le cas du secteur agricole qui affiche une augmentation de 4%.
Effectivement, l'agriculture est le seul secteur de l'économie à ne pas aller mieux. On a comptabilisé l'an dernier 1.351 dossiers de redressements et de liquidations judiciaires. C’est évidemment peu, par rapport aux 58.000 défaillances recensées au total, selon le cabinet Altares, à qui l'on doit cette étude annuelle. C'est peu, mais assez révélateur de la situation économique dramatique du secteur.
D'ailleurs, si on regarde les chiffres de plus près, on note 129 défaillances d'éleveurs laitiers, en hausse de 30% ! Et 53 défaillances d'éleveurs porcins, en hausse de 83% ! Pas de surprise, les crises du lait et du porc, on s'en souvient encore.
Pourquoi ces défaillances si tardives ?
Parce que l'agriculteur ne fait rien comme les autres, parce que l'agriculture n'est pas un secteur comme un autre. Le dépôt de bilan, pour une entreprise, ça peut être une solution pour repartir. Dans l'agriculture c'est la fin de l'aventure : on se sépare du matériel, des locaux, des animaux. D'ailleurs, l'affaire ne passe pas devant un tribunal de commerce, mais devant un tribunal de grande instance, rappelle l'auteur de l'étude chez Altares.
Du coup, la défaillance c'est vraiment la solution de dernier recours. C'est pour ça que ça arrive tard. D'autant que - c'est ce que racontent les syndicats agricoles - il y a une forme de pudeur à ne pas dire que ça ne va pas. En pratique, l'agriculteur va commencer par ne plus se verser de salaires, après il ne va plus payer ses fournisseurs, et enfin ses employés, s'il en a. Bref, quand la situation éclate au grand jour il est trop tard.
Des chiffres de défaillances qui ne rendent pas vraiment optimistes
Oui, effectivement, la crise agricole est bien là. Il y a ceux qui lâchent la rampe donc, et ceux qui s'accrochent. Mais à quel prix ? Cet automne, la Mutualité sociale agricole avait publié une étude sur les revenus des agriculteurs qui montrait qu'un tiers d'entre eux gagnait 350 euros par mois. Le risque aujourd'hui c'est tout simplement leur disparition. C'est le combat, notamment, de la Confédération paysanne. La crise est toujours là, dit-elle, alors que le nombre d'exploitations diminue. Ça signifie que celles qui restent sont toujours plus grosses, mais que la course à l'agrandissement ne résout rien.
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