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L'immigration de travail qualifiée : un visa pour la croissance ?

L'immigration de travail, "Le mot de l'éco" de ce jour, c'est le thème d'une note publiée cette semaine par le Conseil d'analyse économique, un organisme de recherche qui conseille le Premier ministre. Selon le CAE, cette éude démontre les bienfaits d’une immigration de travail qualifiée et diversifiée. 

Article rédigé par franceinfo, Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des travailleurs saisonniers agricoles immigrés, employés sous contrat OMI (Office de migrations internationales) par une exploitation fruitière, dans leur lieu d'habitation près de Saint-Martin de Crau, le 14 juillet 2005. (Illustration) (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

"Le mot de l'éco", cette semaine, c'est l'immigration de travail, sujet d'une note qui ne passe pas inaperçue, publiée cette semaine par le Conseil d'analyse économique, un organisme de recherche rattaché à Matignon, un conseil composé d’économistes professionnels reconnus. Un lieu de réflextion qui s’attache à mettre en évidence des éléments d’analyse partagés.

franceinfo : Première conclusion choc de cette étude : les immigrés présents en France sont en moyenne moins qualifiés, moins diversifiés géographiquement, et proportionnellement moins nombreux que dans les autres pays industrialisés ?

Raphaël Ebenstein : Près de 38% des immigrés résidant en France affichent en tout cas un niveau scolaire inférieur ou tout juste égal au brevet des collèges. C'est deux fois plus que les personnes nées en France. Près de la moitié de ces immigrés sont nés en Afrique, principalement dans les pays du Maghreb. Et ils représentent moins de 13% de la population totale, contre 16% en Allemagne ou 21% au Canada.

Un triple constat qui conduit les auteurs de l'étude à préconiser notamment d'accroître l'immigration de travail qualifiée, dont ils jugent les effets très positifs sur les capacités d'innovation et la croissance économique à long terme d'un pays,  comparaisons internationales à l'appui sur le nombre d'inventeurs ou de brevets déposés par des personnes immigrées...

Concrètement, que suggère le Conseil d'analyse économique pour attirer ceux qu'il qualifie de talents venus de l'étranger ?

Ses propositions ont de quoi susciter un certain nombre de réactions politiques, et sans doute aussi de polémiques, puisque la principale consiste à instaurer un système de sélection et de quotas connus à l'avance, en s'inspirant de ce que fait le Canada avec ses classements par points, établis sur la base du niveau de diplôme, de la maîtrise de la langue des candidats à l'immigration, ou de leur âge.

Avantage, selon les auteurs de l'étude : cela offre à la fois une perspective claire à ces candidats d'obtenir ou pas un titre de séjour, et cela offre aussi une souplesse au pays d'accueil, en fonction des besoins de recrutement estimés dans tel ou tel secteur, qui peuvent évoluer d'une année à l'autre. Bref, le Conseil d'analyse économique appelle bien à une réforme de fond de notre politique migratoire...

Est-ce que cela concerne aussi l'accueil des étudiants étrangers ?

Oui, l'étude préconise de rendre la France plus attractive, notamment pour les étudiants issus de pays non francophones. Quitte à ce que cela puisse se traduire par davantage de cours en anglais dans nos universités ou grandes écoles.

Les auteurs de la note se montrent aussi favorables à des simplifications administratives, par exemple pour l'obtention de titres de séjour, et à des critères moins restrictifs pour pouvoir les prolonger au moins un an à l'issue des études.   
Ils saluent néanmoins les initiatives déjà prises par les pouvoirs publics comme la création du label "Bienvenue en France", destiné à améliorer les conditions d'accueil des étudiants étrangers, mais qui n'est appliqué pour l'instant que par une centaine d'établissements d'enseignement supérieur.

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