Brexit : quel coût pour la Grande-Bretagne ?
La tempête est d'abord financière. Et c'est la City qui va l'affronter
Londres est la première place financière au monde, la première surtout pour les transactions en euros. Ce n'est donc pas un hasard si le Brexit a eu un effet immédiat sur les marchés. La City pèse lourd, 3% de la richesse britannique. Or elle risque d'être fragilisée par une sortie de l'Union Européenne.
Elle risque d'y perdre un précieux sésame, un passeport européen qui permet de vendre ses produits financiers dans toute l’Europe.
Sans cela difficile de conserver sa suprématie. Et ses emplois. Certaines banques sont déjà prévenues : 1000 salariés de moins à Londres a chiffré HSBC, jusqu’à 4.000 peut-être réfléchit JP Morgan. Bref, la City ne serait plus la porte d'entrée de l'Europe de la finance. Et cela pourrait couter cher à l'économie britannique.
Pour les britanniques, quel pourrait être l'impact du Brexit ?
Cela pourrait leur couter cher au quotidien. Certaines études ont tenté de le chiffrer. Selon la London School of Economics, les transports, l'alimentation, l'habillement augmenteraient de 2 à plus de 7%.
Ce sont des biens qui sont en partie importés. Or si la livre sterling continue de chuter, si des droits de douanes sont rétablis aux frontières avec l'Europe, tout cela coutera plus cher. Les investissements étrangers pourraient ralentir aussi, le chômage augmenter, les revenus des britanniques baisseraient dans les années à venir : 2800 euros de moins par foyer estime par exemple l'OCDE, plus de 5000 euros même, a calculé le Trésor britannique.
Toutes ces études chiffrent globalement des conséquences positives ou négatives ?
Rares, très rares sont les études qui trouvent un bénéfice économique au Brexit
Le principal, c’est que la Grande-Bretagne n'aura plus à contribuer au budget de l'Union européenne, soit 11 milliards d'euros par an. Ce sera de l'argent immédiatement disponible pour l'économie britannique. Et la Grande-Bretagne pourrait s'affranchir des contraintes règlementaires de Bruxelles, qui peuvent peser sur la compétitivité.
Pour le reste, le bilan est plutôt négatif. C'est surtout le grand écart des estimations. Hormis une étude qui voit une hausse de la croissance de 4%, toutes les autres concluent à la récession. Cela va jusqu’à 9% de perte de richesse d'ici 2030 pour le scénario le plus noir.
Pourquoi est-ce si difficile à chiffrer ?
Parce que personne ne peut dire comment la Grande-Bretagne va sortir de l'Union Européenne.
Par exemple va-t-elle conclure des accords de libre-échange avec ses anciens partenaires ? Ou va-t-elle opter pour un rétablissement des barrières douanières ?
Cela change évidemment les données économiques, pour un pays qui effectue environ la moitié de ses échanges commerciaux avec l'Europe.
Combien de temps cela prendra ? Jusqu’à 10 ans, estime le gouvernement britannique pour mener toutes ces négociations.
C'est une longue période d'incertitude qui s'ouvre. L’économie a horreur du doute. C’est sans doute cela qui coutera le plus cher à la Grande-Bretagne.
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