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Union européenne : la future présidente du Parlement européen sera peut-être une opposante à l'avortement

Roberta Metsola, favorite pour être élue présidente du Parlement européen en janvier 2022, est une Maltaise connue pour ses positions anti-avortement. Cela fait polémique.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 92 min
Roberta Metsola lors d'une réunion avec des sénateurs polonais, au Parlement polonais à Varsovie, le 28 octobre 2021. (WOJCIECH OLKUSNIK / EPA/PAP)

Roberta Metsola a 42 ans. Si cette Maltaise est choisie en janvier 2022 par les eurodéputés pour succéder à l'actuel président du Parlement européen, David Sassoli, elle sera la plus jeune présidente jamais portée à la tête de l'institution. Elle serait également la troisième femme seulement, après Simone Veil et Nicole Fontaine. Tout cela est plutôt positif. 

Roberta Metsola est la candidate du Parti populaire européen, la droite de l'hémicycle. Elle fait partie de sa frange la moins conservatrice. Depuis huit ans, elle défend en effet régulièrement les droits des communautés LGBT+ sur les bancs du Parlement. Elle connaît très bien ses dossiers comme les arcanes de Bruxelles. Voilà d'autres points positifs.

Opposée à l'avortement et la contraception

Sauf qu'il y a une chose qui ne passe vraiment pas : son opposition viscérale à l’avortement. C'est une opinion très répandue à Malte, l'un des derniers pays de l'Union avec l'Andorre où l'IVG reste complètemement illégale – même en cas de viol, d'inceste, de maladie du foetus ou de danger pour la mère. Roberta Metsola est sur cette ligne : au Parlement, elle vote systématiquement contre toutes les résolutions qui défendent le droit à l’avortement et à la contraception. En septembre, elle s’est même abstenue de voter un texte qui demandait à la Commission européenne de criminaliser les violences faites aux femmes.

Même si le président du Parlement n’a pas beaucoup de pouvoir, même si Roberta Metsola a promis de ne pas prendre position sur ces sujets une fois élue, son élection serait un symbole désastreux, un recul pour la défense des droits des femmes. 

Emmanuel Macron lui-même, interrogé sur le sujet lors de sa conférence de presse le 9 décembre, s'est montré très ferme. Il a incité les eurodéputés à choisir leur prochain chef "avec cohérence" et "en fidélité avec leurs combats". Les parlementaires critiquent régulièrement la Pologne pour ses atteintes au droit à l’avortement : une position à géométrie variable serait donc difficilement lisible.

Tractations entre groupes politiques

Il n'y a pas d'autre candidat à la présidence du Parlement qui fasse le poids pour éviter cet écueil. La gauche radicale et les eurosceptiques ont présenté un nom mais ce sont deux groupes très minoritaires dans les rangs du Parlement. Ceux qui comptent le plus de représentants après le Parti populaire, c'est-à-dire les socio-démocrates alliés aux écologistes et aux centristes de Renew, ont renoncé mardi à pousser un concurrent dans l'arène.

En échange, il négocient en vertu des petits arrangements politiques qui font le quotidien des institutions européennes. Car, dans cette affaire, il n’y a pas que la présidence du Parlement qui est en jeu. Il y a aussi les postes de vice-présidents, de questeurs, de présidents de commission, etc. Chaque groupe veut sécuriser sa parcelle de pouvoir. L'élection aura lieu à bulletins secrets lors de la prochaine session plénière, prévue le 18 janvier.

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