"Syndrome de La Havane" : la Russie dément être impliquée après l’enquête de médias internationaux qui la met en cause

Ce "syndrome" qui a frappé des diplomates américains aurait été causé par une arme acoustique secrète liée à la Russie, selon une enquête journalistique internationale. Sans surprise, Moscou rejette ces accusations.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vladimir Poutine, Sergei Shoigu le ministre de la Défense russe, et Igor Kostyukov le directeur du renseignement militaire russe (GRU), à Moscou, le 2 novembre 2018. (ALEXEY DRUZHININ / SPUTNIK / AFP)

Le média russe indépendant The Insider, le magazine allemand Der Spiegel et la chaîne américaine CBS ont publié le résultat de leurs investigations, lundi 1er avril. Le jour-même, le porte-parole du Kremlin a dénoncé des accusations "sans fondements" : selon Dmitri Peskov, la Russie n’est pas derrière le mystérieux "syndrome de La Havane" qui a touché des diplomates américains. Cuba, de son côté, dénonce une opération de propagande politique. "Les Américains expliquent que nous avons laissé une puissance étrangère mener des actions contre eux depuis notre territoire. C'est un prétexte parfait pour justifier de nouvelles sanctions contre nous. Le syndrome de La Havane n'existe pas, on devrait parler de syndrome de Washington."

Le syndrome de La Havane désigne toute une série de symptômes à ce jour inexpliqués et parfois très invalidants dont ont été victimes depuis 2016 une bonne centaine de diplomates américains (et parfois leurs familles) : maux de tête fulgurants, perte d'équilibre ou de mémoire, vomissements, nez qui saigne, acouphènes qui durent. Certains ont même subi des lésions cérébrales graves et ont été mis en retraite anticipée. Les événements se sont produits d'abord à l'ambassade américaine de La Havane, puis en Allemagne, en Chine, en Géorgie, en Australie, en Russie, et même à Vilnius l'an dernier lors du sommet de l'Otan.

Un puissant faisceau d'énergie électromagnétique

Ça fait des années que l'on cherche à expliquer ce phénomène. Or, cette fois, la Russie est clairement montrée du doigt. Pour chaque attaque, les journalistes ont la preuve qu'entre deux et quatre agents du renseignement militaire russe (le GRU), se trouvaient à proximité des victimes.

Ils auraient agi avec des "armes acoustiques non-létales", c’est-à-dire des dispositifs basés sur le son et les radiofréquences qui dirigent un puissant faisceau d'énergie électromagnétique vers le cerveau. Beaucoup de victimes, d'ailleurs, racontent avoir ressenti des vibrations ou bien entendu des bruits étranges, voire insupportables, juste avant l'apparition des symptômes. Mais c'est un domaine de recherche qu'on connaît mal, il y a très peu d'études qui concernent les effets de ces ondes sur le cerveau.

Washington refuse de commenter directement cette enquête

L'enquête a été dirigée par Christo Grozev, journaliste d'investigation basé en Russie qui multiplie les scoops sur le GRU. C'est lui, par exemple, qui a révélé l'identité des deux agents ayant empoisonné Sergueï Skripal en mars 2018. Cette fois encore, il pointe du doigt l'unité 29155 du GRU, spécialiste des assassinats ciblés, des sabotages et des actions violentes à l'étranger.

Aux États-Unis, le porte-parole du département d'État a refusé de commenter directement cette enquête, mais la position de Washington n'a pas varié. Au terme de plusieurs années d'enquête, étonnamment, la majorité des agences de renseignement américaines sont formelles : l'implication d'un ennemi des États-Unis reste "hautement improbable".

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