Sénégal : le nouveau président Diomaye Faye, encore en prison il y a 10 jours, porte un grand espoir de changement
Il y a dix jours, il était encore plongé dans les geôles du pénitencier du Cap Manuel. Emprisonné pour avoir critiqué le système judiciaire de son pays, le voici libre et élu, dès le premier tour dimanche 24 mars, à la tête d'une démocratie de 18 millions d'habitants.
Sa victoire à peine reconnue lundi 25 mars par son principal adversaire, Bassirou Diomaye Faye a tenu à rassurer. "Je voudrais dire à la communauté internationale (...) que le Sénégal tiendra toujours son rang, dit-il. Il restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive".
Favoriser le patriotisme économique et renégocier les contrats avec l'étranger
Bassirou Diomaye Faye vante le mérite des partenariats gagnant-gagnant. Adepte du patriotisme économique, souverainiste revendiqué il s'est engagé à renégocier les contrats d'exploitation des mines et les accords de pêche conclus avec des compagnies étrangères. Il n'a par ailleurs pas exclu de renforcer la coopération avec la Russie alors que le Sénégal s’apprête à exploiter du pétrole et du gaz dès cette année.
Ses alliés, dont la France, vont donc scruter de près ses toutes premières mesures. Ça n'a pas empêché Paris et Washington de se précipiter pour le féliciter. Le département d'État américain salue "un succès de la démocratie". Emmanuel Macron "se réjouit de travailler avec lui". C'est peu de dire que la France, premier partenaire économique du Sénégal, souhaite préserver des relations stables avec son ancienne colonie, dans une région où sa présence est jugée de plus en plus indésirable, notamment par les juntes ayant pris le pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Lutter contre la corruption et l'hyper-présidentialisme de son prédécesseur
Sur le plan intérieur, il veut limiter les pouvoirs du président, pour mettre un terme à l'hyper-présidentialisme de son prédécesseur Macky Sall, qui selon lui a conduit à une "mainmise de l'exécutif sur les pouvoirs législatif et judiciaire", lutter contre la corruption, sortir du franc CFA hérité de la colonisation, alléger le coût de la vie et mieux répartir les richesses. Après trois ans de crises et de tensions sociales, la population, et notamment les jeunes qui ont majoritairement voté pour lui ont soif de changement. Il ne devra pas les décevoir.
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