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Qui est Ben Roberts-Smith, ce héros de guerre australien devenu symbole des dérives des forces spéciales en Afghanistan ?

Cet ex-soldat des forces spéciales a été plusieurs fois décoré pour son "courage" et sa "bravoure" en Afghanistan. En quelques années, les révélations de la presse et un procès qui vient de se terminer ont révélé un autre visage : celui d'un tyran, d'un menteur et d'un tueur.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Ben Roberts-Smith quitte le tribunal de Sydney (Australie), le 18 juillet 2022. (DEAN LEWINS / AAP)

Il s'appelle Ben Roberts-Smith. Il a 44 ans. Et les Australiens le voyaient jusqu'à peu comme un véritable "héros de guerre". Il est le soldat le plus décoré du pays, pour sa "bravoure" et son "courage" en Afghanistan, où il était chef de patrouille et tireur d'élite. Les Australiens sont intervenus dans le pays après les attentats du 11 septembre 2001, aux côtés des Américains.

C’est en 2018 que les ennuis commencent pour Ben Roberts-Smith. Cette année-là, trois journaux australiens publient des articles, des enquêtes. "Ben Roberts-Smith n’est pas celui qu’il dit être ".
Ce n’est pas un héros. C’est un menteur, un tyran et un tueur. 

En quelques années, Ben Roberts-Smith passe du statut de héros à celui de bourreau

Et les journaux détaillent. 2009 : Ben Roberts-Smith tue un homme handicapé, qui s’était caché dans un tunnel. Il exhibe ensuite comme un trophée la prothèse de jambe de cet Afghan. Il s’en sert même pour boire. Un peu comme un verre de bière. 2012 : Ben Roberts-Smith fait avancer un fermier afghan, menotté, au bord d’une falaise. Il le fait tomber en lui donnant un coup de pied dans la poitrine. Puis il le fait exécuter par ses hommes. Il demandera aussi, à un jeune soldat de tuer devant lui. Pour l’initier au sang. Tout cela sort dans la presse. Le soldat d’élite nie en bloc et il attaque les journaux en diffamation.  

Un procès qui a tenu la presse Australienne en haleine

C’est ce procès en diffamation qui a tenu en haleine les Australiens jusqu’au jeudi 1er juin. 40 témoins.
Des Afghans. Des membres des forces spéciales. Des témoignages très rares. Au final, le juge australien a conclu que la presse n’avait pas mal fait son travail, qu’il y a des preuves des crimes, au moins sur les affaires mentionnées plus haut. À des milliers de kilomètres de là, même les Talibans. Ils voient dans cette affaire une preuve des "innombrables crimes commis par les forces étrangères en Afghanistan". 

Pour l’Australie, en tout cas, c’est un tournant, amorcé déjà en 2020, quand un rapport, terrible, a conclu que les forces spéciales avaient tué illégalement en Afghanistan 39 civils et prisonniers. En mars, aussi, il y a eu une première arrestation, d'un autre soldat, Oliver Schultz pour meurtre et crime de guerre. Pour l’instant, Ben Roberts-Smith n’a été reconnu coupable de rien au pénal. Il a perdu son combat contre la presse, c’est tout. Mais selon cette même presse, il est bien sûr, dans le collimateur des enquêteurs. 

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