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Mort de Mikhaïl Gorbatchev : un héritage dilapidé

Pour toute une génération, il restera celui qui a tenté de transformer la dictature communiste en démocratie. Dernier président de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev s'est donc éteint mardi 30 août à 91 ans. Mais il ne reste pas grand chose de son héritage dans la Russie d'aujourd'hui.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Mikhaïl Gorbatchev, président de l'URSS à Moscou, le 15 mars 1990. (SHONE / GAMMA-RAPHO via GETTYIMAGES)

"Il a d'ailleurs vécu assez longtemps pour voir s'effondrer tout ce qu’il avait essayé de mettre en place... De ses réformes – politiques ou économiques – il ne reste rien, zéro, des cendres". Voilà comment le quotidien britannique The Guardian résume mercredi 31 août matin l'abyme qui sépare la Russie de Gorbatchev de celle de Vladimir Poutine.

Le dernier dirigeant de l'empire soviétique rêvait de transformer son pays, de le moderniser. Aux antipodes de la glasnost (la "transparence") et de la perestroika (la "reconstruction"), l'actuel chef de l'État a fait renaître une puissance autoritaire obsédée par l'extension de sa sphère d'influence et la restauration de sa puissance. À l'ouest la Russie de Gorbatchev inspirait le respect, celle de Poutine suscite la peur.

Mikhaïl Gorbatchev et son combat contre la guerre froide

Un homme de paix contre un homme de guerre ? C'est ce que dessinent en creux tous les hommages qui sont rendus depuis mardi 30 août à l'ancien dirigeant. Mikhaïl Gorbatchev est l'homme d'un moment historique, son acharnement à sortir de la course aux armements, à mettre fin à la guerre froide sans surtout faire couler la moindre goutte de sang lui valent les louanges très appuyés de l'Occident et prenant un relief particulier six mois tout juste après l'invasion russe en Ukraine.
"C'était un leader rare qui a rendu le monde plus sûr", dit de lui le président américain Joe Biden. L'émotion des réactions à l'Ouest contrastent fortement avec la sobriété de l'actuel président russe qui se contente d'un télégramme de condoléances envoyé à la famille et aux proches de l'ancien dirigeant. Rappelons que pour Poutine, l'éclatement de l'URSS est "la plus grande catastrophe géopolitique du XXIe siècle."

Malgré son rôle historique, Mikhaïl Gorbatchev n'est pas très populaire en Russie. Une bonne partie de l'opinion publique, qui garde une certaine nostalgie de la période soviétique, considère qu'il a fait trop de concessions à l'Occident. C'était évident dans les années 90, quand les communistes étaient une force politique importante, c'est encore vrai en 2022. Le soviétisme a survécu à Mikhaïl Gorbatchev, lucide, en fêtant ses 90 ans l'an dernier dressant ce constat : en Russie, "Nous ne sommes (encore) qu’à mi-chemin entre le régime totalitaire et la démocratie"...

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