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L’homme qui murmure à l'oreille des chiites irakiens, mais pas seulement

La planète tourne et nous posons le doigt à Nadjaf, ville sainte de l’Irak.

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants anti-gouvernement sur la place Tahrir, à Bagdad le 23 novembre 2019 (SABAH ARAR / AFP)

C’est un petit monsieur de 89 ans qu’on ne voit quasiment jamais en vrai, mais qui est présent sur des affiches, des fanions, des pancartes, à travers tout l’Irak.   L’ayatollah Ali Al Sistani est ces jours-ci l’homme le plus important d’Irak, en tous cas l’un des rares à garder encore une autorité et une légitimité intactes, alors que le pays est plongé dans un chaos post guerre que plus personne ne sait enrayer.   C’est un homme qui arrive à 22 ans d’Iran, gravit patiemment tous les échelons du clergé chiite, et s’impose à la chute de Saddam Hussein comme une voix puissante. Dès l’invasion américaine, on se met à scruter avec attention ses prêches, jamais lu par lui-même mais par ses proches, ainsi que ses fatwas. Il refuse systématiquement de rencontrer les Américains, qui le craignent, et du coup ne se compromet jamais avec eux.   Il reste chez lui à Nadjaf, petite ville, mais ville sainte qui abrite le tombeau de l’Imam Ali. Chaque vendredi, entouré d’une puissante milice armée, il reçoit quelques-uns des 25 millions de chiites qui le vénèrent.  

Il soutient les manifestations, mais ne veut pas être un recours

Les Irakiens ne veulent plus de leurs dirigeants, corrompus. Ils ne veulent plus de cette vie qui n’en est pas une, dans un pays qui ne parvient pas à sortir de 40 ans de guerre. L’ayatollah Sistani a toujours, au long de ses prêches, pris soin d’expliquer que le pouvoir politique devait être laïc, à l’inverse de l’Iran. Un discours qui a fini par rassurer y compris des sunnites désespérés en Irak, qui voit en lui un recours.   Ce qu’il ne sera pas. Le vieux religieux observe, et appelle les autorités à entendre le besoin de réformes. Il dénonce les violences. Habilement, il n’appelle pas à manifester, mais soutient le mouvement. Etrange situation où un pays finit par scruter le moindre mot d’un homme d’un autre temps. Mais qui saura peut-être éviter le bain de sang redouté.   

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