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Le Koweït a fermé la plus grande décharge de pneus du monde

Opération déménagement dans le désert du Koweit : les autorités viennent de fermer ce qui était considéré comme le plus grand cimetière de pneus de la planète.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La plus grande décharge de pneus se trouve au Koweït à Al Jahra. (FAISAL ALNOMAS / ANADOLU AGENCY via AFP)

C'était comme un véritable océan aux portes de Koweït City : des pneus de camions et de voitures usés et blanchis jusqu'à l'infini, jetés là depuis 20 ans  dans le sable pour y finir leurs jours. Il y en avait environ 42 millions - le chiffre a été donné par les autorités. Mais tout ça c'est terminé : il y a quelques jours la décharge a été officiellement vidée et fermée. Elle a complètement disparu.

Une catastrophe environnementale

Cette décharge devenait un fardeau trop lourd à porter. Que ce soit en raison de la chaleur extrême ou d'actes criminels, les pneus avaient une fâcheuse tendance à prendre feu.

Or à une telle échelle, le caoutchouc qui brûle fait de gros dégâts sur l'environnement et la santé. Les incendies dégagent une quantité phénoménale de fumées épaisses – pleines de dioxine et de noir de carbone – qui parfois se voient... depuis l'espace ! Un gros incendie s'était déclenché en octobre 2020.Cette année il y a eu des départs de feu en février, en mars et en avril.  

"Nous sortons d'une phase difficile caractérisée par un grand risque environnemental", a déclaré fin août le ministre du Pétrole, Mohammed Al-Fares. Il fallait régler ce problème d'incendies à répétition. L'autre raison, moins mise en avant, c'est aussi que le minuscule émirat, coincé entre l'Arabie Saoudite et l'Irak, manque de place et cherche à libérer des terrains.

Le grand déménagement

Ces pneus, on les a déménagés plus à l’ouest, jusqu'à la région d'Al-Salmi, près d'une zone industrielle. Des files ininterrompues de camions ont fait des aller-retours pour prendre les pneus, les transporter, les décharger, revenir, reprendre des pneus, les re-transporter, les redécharger... 44000 voyages au total. Ca a duré des mois. Les opérations se sont achevées le 29 août, avec une grande cérémonie en présence de ministres et députés, à grand renfort de discours, de remises de médailles et de petits fours.

Les autorités jurent que le nouveau site répond aux normes internationales. Il n'est plus question d'enfouissement : les pneus vont être recyclés, transformés pour le marché local et l'exportation. Car on fait plein de choses avec des vieux pneus : des routes et des trottoirs, des revêtements de sol pour les aires de jeux ou du combustible pour l'industrie du ciment.

30 ans pour faire disparaître tous ces pneus

Mais dans les pétromonarchies - du Golfe, la notion de développement durable en est encore à ses balbutiements. Pour l'instant, une seule usine a été construite sur les trois prévues. Seule, il lui faudrait trente ans pour venir à bout des montagnes de caoutchouc ! "Le Koweït était déjà le pays des occasions manquées pour les investissements, mais on a aussi vraiment raté le coche des industries de recyclage" dit le quotidien Al-Jarida. L'apprentissage de la réduction des déchets va prendre un peu de temps.

Sur l'ancien cimetière de pneus, le Koweit prévoir de bâtir une ville nouvelle, où comme dans le reste du pays les habitants se déplaceront... en voiture (au Koweit on compte en moyenne quatre véhicules par foyer). Une belle ville remplie de voitures... et de jolis pneus neufs.

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