Italie : un rappeur réveille les passions contradictoires pour Naples

Le Festival de la chanson, organisé chaque année à San Remo, est incontournable en Italie : la dernière des cinq soirées en prime time a rassemblé 14 millions de personnes devant la Rai, soit plus de 70% de part d’audience. Toute l’Italie est devant San Remo, et le moindre détail suscite les polémiques.
Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le rappeur Emmanuele Palumbo, alias Geolier, à Naples (Italie) le 2 avril 2023 (GIUSEPPE MAFFIA / NURPHOTO)

Une des chansons en lice à San Remo cette année a provoqué beaucoup de réactions. Première controverse : elle est en dialecte napolitain, alors qu'en principe ne sont acceptés que les titres en italien. Mais l’artiste qui interprète ce morceau, I P' Te, Tu P' Me ("Chacun sa route"), est lui aussi incontournable. Il s’appelle Geolier (de son vrai nom Emanuele Palumbo), né à Naples il y a 23 ans. Et son album Il Coraggio Dei Bambini ("Le courage des enfants") a été le plus vendu en Italie l’an dernier.

À San Remo, Geolier a cartonné avec sa chanson : elle a remporté le vote du public, mais en tenant compte du vote de la critique, elle est n’est arrivée que deuxième au classement final. Une deuxième polémique a donc éclaté entre ceux qui estiment que le vote populaire a été méprisé et ceux qui laissent entendre que les jeunes et les habitants du Sud ont bourré les urnes. Geolier a été sifflé par une partie du public, troisième polémique pour cet artiste dont les clips et les textes sont parfois violents. 

Geolier célébré à Naples

Dès son retour de San Remo, le rappeur a été accueilli en héros à Naples, le maire lui remettant médaille et plaque d’honneur de la ville. Ce qui a provoqué une quatrième controverse, parce qu’entre les chansons des artistes en compétition à San Remo viennent en plateau des personnalités de tous horizons. Cette année, venue pour prononcer un plaidoyer contre la violence, il y avait la mère d’un autre jeune Napolitain, Giogio. C'était un musicien classique prometteur, qui a été tué l’été dernier dans la ville d’un coup de pistolet. Une histoire de scooter mal garé a viré au drame. Le fait-divers avait été très médiatisé. Geolier était venu aux obsèques de Giogio, à la demande de sa mère, qui voulait envoyer un message à ce qu’elle appelle "la Naples bâtarde".

Mais les honneurs que la mairie a rendu au rappeur lundi 12 février n'ont pas plu à la mère de Giogio : en résumé, elle estime qu'on ne célèbre que la Naples violente. Le jour où la ville du sud ne suscitera pas de passion contradictoire n’est pas arrivé. En attendant, Geolier remplira le stade Maradona de Naples pendant trois soirées en juin.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.