Italie : l’Unesco recommande de classer Venise au patrimoine mondial en péril
En 2021, Venise avait échappé de justesse au classement "patrimoine mondial en péril" en interdisant l'accès à la lagune des énormes paquebots de croisière qui provoquent des vagues et érodent les fondations de la ville. Deux ans plus tard, le Centre du patrimoine mondial estime que ça ne suffit plus, que l’Italie a pris des mesures insuffisantes pour lutter contre la détérioration de la Sérénissime.
Les effets du sur-tourisme
"La poursuite du développement, les impacts du changement climatique et le tourisme de masse menacent de causer des transformations irréversibles à la valeur universelle du site", indique cette branche de l’Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), chargée de coordonner les activités relatives au patrimoine mondial. Dans sa ligne de mire, l’aménagement urbain d’abord, avec peu voire pas d’études d'impact. "Des immeubles" hauts doivent ainsi être construits à distance du centre historique mais ils sont "susceptibles d'avoir un impact visuel négatif significatif". Le sur-tourisme ensuite. Chaque année, Venise accueille près de 15 millions de visiteurs alors qu’ils n'étaient que deux millions après-guerre. Aujourd'hui, jusqu'à 100 000 visiteurs peuvent dormir dans la cité, en plus des dizaines de milliers qui y passent la journée. Un chiffre à comparer aux 50 000 habitants du centre-ville qui n’arrête pas de se dépeupler – quatre fois moins d'habitants qu'il y a un siècle. Enfin, il y a "l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes" liés au climat, qui ne sont pas assez anticipés.
Électrochoc
L'avis du Centre du patrimoine est pour l'instant indicatif. Venise n'intègrera la catégorie "patrimoine mondial en péril" qu'après un vote des États membres de l’Unesco en septembre. L’organisation internationale veut provoquer une vraie prise de conscience et une mobilisation beaucoup plus forte de l’Italie, qui ne fait pas assez et pas assez vite alors que les problèmes sont connus depuis longtemps.
Certes les paquebots de croisières ont été interdits, un système de digue a été en outre mis en place pour limiter l’impact des marées, mais il n'y a pas "de vision stratégique commune globale", déplore l'Unesco, qui souligne aussi la "faible efficacité et coordination" des autorités locales et nationales. Elles parlent par exemple depuis longtemps de réservations obligatoires pour limiter le nombre de touristes : ça n'existe toujours pas. Il y a aussi le problème des locations de logements privés via les plateformes sur internet. Elles accélèrent le dépeuplement du centre historique et favorisent le tourisme de masse, mais là encore rien n'est fait. Pas de réglementation.
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