"Impeachement" de Donald Trump : un vote historique mais une destitution improbable
Nous posons le doigt à Washington où par 230 voix contre 197, Donald Trump a été "impeached" par la Chambre des représentants. Ce n'est pas une surprise, et cela ouvre maintenant un nouveau calendrier.
La mise en accusation de Donald Trump, le président américain, est historique. "L'impeachment", - terme pratiquement intraduisible puisqu'il combine à la fois une notion de mise en examen juridique et d’accusation très politique -, a été voté à la Chambre des représentants (l'équivalent de l'Assemblée nationale en France) par 297 voix contre 230. Deux chefs d'accusation sont retenus : l'abus de pouvoir et l'entrave à la bonne marche du Congrès.
C'est un coup de fil qui a engendré cette procédure de destitution. L'appel téléphonique date du 25 juillet, Donald Trump demande au chef d'État ukrainien d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, un potentiel rival à la présidentielle de 2020, et son fils Hunter. Les démocrates soupçonnent également Donald Trump d'avoir fait pression sur l'Ukraine en conditionnant, notamment, une aide militaire de près de 400 millions de dollars à l'annonce de ces investigations.
Une longue procédure
Le procès de destitution devrait commencer en janvier. En pratique, une équipe de représentants démocrates va traverser le Capitole sous escorte policière pour rejoindre le Sénat. Silence obligatoire durant la traversée du bâtiment, qui réunit les deux chambres, sous peine de prison. Puis, les démocrates vont lire le chef d’accusation. Le président de la Cour suprême américaine va jurer sur la Bible de rendre la justice et 100 sénateurs vont alors, un par un, prêter serment.
Ensuite, les débats vont commencer avec une seule question : "Coupable ou non coupable ?". Plusieurs semaines plus tard, le vote aura lieu. La destitution doit être votée à la majorité des deux tiers. Or, le Sénat américain est à majorité républicaine, donc il y a très peu de chances qu'elle ait lieu.
Un "impeachment" très rare
Le premier à avoir connu cette procédure, c’était Andrew Johnson en 1868. Ce président alcoolique avait succédé à Lincoln, assassiné à la fin de la guerre de Sécession. Il est acquitté de justesse. En 1973, Nixon n’a pas connu "l'impeachment" mais il démissionne car il comprend qu’il va être destitué, il ne veut pas de procès.
En 1998, c’est au tour de Bill Clinton de connaître la menace de destitution. C’est en marge d’une enquête financière que l’on découvre une liaison avec sa fameuse stagiaire Monica Lewinski. Le président démocrate a un "impeachment" pour mensonge. La procédure dure des mois et des mois, elle est très encadrée avec un procureur vedette, le bien-nommé Kenneth Starr, qui mène toute la charge contre le président démocrate. Les détails salaces sont dévoilés à la télévision toute la journée sur la relation entre Bill Clinton et Monica Lewinsky. Cet "impeachment" est télévisé avec la naissance de Fox News" aux États-Unis. Tout le monde regarde, mais Bill Clinton gagne et n’est pas destitué, les démocrates finissent par le soutenir.
Peu de risques de destitution pour Donald Trump
En meeting dans le Michigan, Donald Trump est galvanisé par ce qu’il est en train de se passer. Les images s’entrechoquent, avec d’un côté la Chambre des représentants qui votent et de l’autre le président en meeting qui dénonce la haine de la gauche radicale. Il est en train d’utiliser ce procès comme l’arme absolue pour renforcer sa base électorale et pour montrer que les démocrates le haïssent comme président.
Pour l’instant, les sondages sont absolument à égalité : 48% estiment qu’il doit être destitué, 48% qu’il ne doit pas être destitué. Cela va se jouer sur des histoires de calendrier. La très habile Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, qui va faire jouer le calendrier pour aller le plus loin possible et pour gêner la campagne de Donald Trump pour l’élection présidentielle de 2020. Mais pour l’instant on ne peut pas savoir comment les Américains vont réagir.
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