"Hisser le drapeau blanc" : l'Ukraine et ses partenaires vent debout contre les propos du pape

Les propos du pape n'en finissent plus de créer la polémique. Samedi 9 mars, sur une chaîne de télévision suisse, François appelait l'Ukraine à "avoir le courage de hisser le drapeau blanc" pour mettre un terme au conflit. Kiev a convoqué l'envoyé du Vatican.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Le pape François préside une messe pour l'ordination épiscopale de l'archevêque italien Vincenzo Turturro dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican, le 9 mars 2024. (ISABELLA BONOTTO / AFP)

Il lui a été signifié que les autorités ukrainiennes étaient "déçues" par les propos du souverain pontife. Mais "déçues" n'est sans doute pas le qualificatif le plus juste pour décrire toute la colère des Ukrainiens qui voient dans cette déclaration un appel à capituler face à l'agresseur.

Après deux ans de guerre, l'Ukraine n'a aucune intention de reconnaître sa défaite et d'abandonner à la Russie un cinquième de son territoire aujourd'hui annexé. "Notre drapeau n'est pas blanc, il est jaune et bleu" disait, dimanche 10 mars, le chef de la diplomatie, Dmytro Kuleba.

"Des armes plutôt que le drapeau blanc"

Les représentants de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Union européenne auprès du Saint-Siège affichent publiquement leur désapprobation, rejoints par le chef de l'OTAN qui résume tout en quatre mots : "La reddition n'est pas la paix".

"Nous devons continuer à renforcer l'Ukraine, ajoute Jens Stoltenberg, pour montrer au président Poutine qu'il n'aura pas ce qu'il veut sur le champ de bataille". En résumé, l'Ukraine a besoin d'armes, pas de drapeau blanc.

Une position pacifiste mal comprise

Face à la polémique, le Vatican s'explique. Dès samedi soir, un communiqué tente de corriger le tir. Les propos ont été mal compris. François ne réclame pas la reddition de Kiev mais des négociations pour que cessent les hostilités - ce qui n'est pas tout à fait la même chose. 
Ce qui est vrai malgré tout c'est que contrairement aux capitales occidentales, le pape refuse de prendre parti de manière inconditionnelle pour l'Ukraine, posture qu'il juge dangereuse. Ça ne veut pas dire qu'il défend Moscou, mais il préfère s'en tenir à une neutralité pacifiste qui fait passer la sacralité de la vie avant tout.

Sauf que dans le contexte où le soutien occidental apparaît de plus en plus fragile, Kiev attendait un signal fort. Sur les réseaux sociaux la désillusion se traduit par une déferlante de dessins satiriques qui font le parallèle entre la situation d'aujourd'hui et la position conciliante du Vatican face à l'Allemagne nazie, ou qui représentent François en marionnette de Vladimir Poutine.

Le Kremlin approuve

"C'est assez compréhensible que (le pape) soit en faveur des négociations", a réagi pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que Vladimir Poutine était ouvert à des pourparlers de
paix, mais qu'il n'était pas entendu.

Volodymyr Zelensky a présenté un plan de paix en dix points lors d'un sommet du G20 en novembre 2022. Il prévoit notamment le rétablissement de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et le retrait total des troupes russes. Kiev en effet refuse de négocier tant que les troupes russes ne se seront pas retirées. L'intervention du pape aura au moins eu le mérite de le rappeler. 

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