Guerre en Ukraine : plus de la moitié des soldats russes blessés sur le front vont devoir être amputés
Le bilan humain de la guerre en Ukraine est l'un des secrets les mieux gardés de Russie, au point que l'armée n'avait plus communiqué à ce sujet depuis septembre 2022, soit il y a plus d'un an. La dernière intervention officielle a été celle de Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense, qui évoquait après sept mois de guerre 6 000 morts et plus de 90% des blessés qui étaient retournés au combat. Peu de gens, y compris en Russie, ont cru à ce chiffre qui vient d'être démenti ... par un autre membre du gouvernement.
Ce collègue s'appelle Alexei Vovchenko, vice-ministre du Travail. Il vient de lâcher une statistique devant le Sénat russe : 54% des soldats russes blessés en Ukraine vont devoir être amputés d'un membre. Et ce n'est pas par hasard s'il évoque le sujet puisqu'il a aussi en charge le portefeuille de la protection sociale. C'est beaucoup, a-t-il admis devant les sénateurs. Un chiffre qui en dit long sur la violence des combats.
Pas de chiffres officiels
L'un des problèmes dans ce chiffre, 54% d'amputés parmi les blessés russes, c'est qu'on ne sait pas précisément combien de personnes cela représente. D'autant que le dernier bilan du nombre de blessés donné par l'armée russe remonte à mars 2022, après un mois de guerre. Les autres statistiques fournies par l'Ukraine ou les États-Unis sur l'adversaire sont à prendre avec des pincettes. D'autant que le pays dirigé par Vladimir Poutine ne publie quasiment plus de statistiques démographiques.
Néanmoins, une enquête des médias indépendants Meduza et Mediazona, publiée en juillet dernier, s'est appuyée sur les statistiques des héritages réclamés en Russie depuis le début de la guerre. Cette enquête a conclu qu'il y avait une hausse anormale de près de 50 000 héritages depuis le début du conflit. Pour de nombreux experts, le bilan de 50 000 morts russes semble plausible, ce qui porterait le nombre de blessés entre 150 000 et 200 000 soldats, dont la moitié doivent être amputés.
À titre de comparaison, la guerre en Afghanistan entre 1979 et 1989 avait été un vrai traumatisme pour la société russe : près de 25 000 morts côté soviétique à l'époque. Si l'on s'en tient aux chiffres de Meduza et Mediazona, on en serait au double après un peu plus d'un an de guerre. Par ailleurs, le budget de l'État russe qui a été publié par certains médias prévoit des indemnités en forte hausse dans les années à venir pour les familles de soldats. Cela semble signifier que les autorités tablent sur un conflit long et meurtrier.
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