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En Israël, la tradition juive de la circoncision utilisée pour refuser l'asile à une femme menacée d'excision

La ministre israélienne de l'Intérieur a refusé d'accorder l'asile à une femme qui voulait échapper à l'excision en Sierra Leone. Argument : la proximité de l'excision avec la circoncision.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La ministre de l'Intérieur Ayelet Shaked, le 19 octobre 2022 à Tel Aviv (Israël) (ILIA YEFIMOVICH / DPA)

On a beaucoup parlé d'excision et de circoncision dans les médias israéliens cette semaine. La ministre de l'Intérieur, Ayelet Shaked, a refusé d'accorder l'asile à une femme originaire de Sierra Leone, qui se disait menacée d'excision dans son pays natal. Pourtant, la Cour suprême d'Israël estime que les risques de mutilations sexuelles sont un critère d'éligibilité à l'asile, et les services de la ministre étaient favorables à l'accueil définitif de cette dame en Israël. Mais Ayelet Shaked est allée dans l'autre sens et elle a tout justifié dans un communiqué de presse.

Premier argument : "Une distinction doit être faite entre différents degrés de sévérité des procédures d'excision". Puis elle déclare qu'une part "infime" de femmes adultes subissent l'excision. Mais surtout "il est impensable, écrit la ministre dans ce communiqué, que l'Etat d'Israël accorde l'asile politique pour une persécution présumée, similaire ou proche par essence, d'une coutume commune à ses propres citoyens." En clair, Ayelet Shaked évoque la circoncision des petits garçons, une tradition centrale chez les juifs et aussi pratiquée largement dans certains pays occidentaux comme les Etats-Unis, pour des raisons purement médicales. La tradition de la circoncision est parfois critiquée comme étant une mutilation sexuelle. Or, Ayelet Shaked estime que l'État d'Israël doit préserver les coutumes juives en Israël et dans ce qu'on appelle la diaspora, c'est-à-dire les communautés juives partout ailleurs dans le monde.

Arrière-pensées politiques

Mais la ministre, issue de la droite nationaliste et religieuse, fait aussi de la politique. Il y a deux ans, en effet, elle a rejoint la coalition anti-Netanyahou. Mais ce dernier va bientôt revenir au pouvoir alors qu'elle elle a été battue aux dernières élections. L'ancienne étoile montante de la droite, accusée de traîtrise, fait donc tout pour se réconcilier avec son électorat. Alors elle ne dénonce pas catégoriquement l'excision des femmes pour préserver, dit-elle, la circoncision des petits garçons. À moins que ce ne soit pour préserver son propre avenir politique. La preuve : c'est elle qui a choisi de médiatiser l'affaire sans que personne ne lui demande rien. Juste avant son départ du ministère, comme pour marquer les esprits. 

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