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Crise des migrants : les accords du Touquet de plus en plus dépassés

En vertu des accords du Touquet en vigueur depuis 2004 entre la France et le Royaume-Uni, la frontière britannique est fixée sur la côte française. Un dispositif qui, depuis le Brexit et avec la multiplication des tentatives de traversée de la Manche, ne semble plus adapté.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une patrouille de police française entre Ambleteuse et Wimereux (Pas-de-Calais), en octobre 2021. Au premier plan, les débris d'une embarcation de fortune. (MARC SANYE / AFP)

Les accords du Touquet sur la surveillance de la frontière entre la France et le Royaume-Uni disent que cette frontière franco-britannique se situe en France, sur la côte, à Calais notamment. Et que c'est à la police aux frontières française de faire barrage aux migrants illégaux en route vers l'Angleterre. Ces accords ont été signés en 2003, après la fermeture du centre de Sangatte, et sont entrés en application le 1er février 2004. En échange, les Britanniques sortent le carnet de chèques et versent une contribution.

Cette contribution prévue par les accords du Touquet est régulièrement renégociée à la hausse. En juillet, par exemple, Londres s'est engagée à verser une rallonge de près 63 millions d'euros (sur un an) pour aider les Français à renforcer leurs contrôles, en s'équipant de drones, de radars et d'hélicoptères.

Sauf que les Britanniques ne jouent pas forcément le jeu. Depuis le Brexit, la lutte contre l'immigration est une priorité du gouvernement britannique qui veut moins de trous dans le filet. À ses yeux, la France est trop laxiste et Londres met la pression en permanence. Priti Patel, l'intransigeante ministre de l'Intérieur, a par exemple menacé de refouler en mer les bateaux de migrants clandestins, en les raccompagnant avec des jet-skis vers les côtes françaises. Une pratique illégale au regard du droit maritime. Elle a aussi menacé de ne pas verser les 63 millions d'euros promis. L'argent devrait finalement être débloqué dans les prochaines semaines. Plus les migrants sont nombreux à tenter le passage vers l'Angleterre, et plus Londres s'éloigne de l'Europe, plus la relation avec Paris se dégrade et moins les accords du Touquet font sens.

Renégocier les accords : possible, mais compliqué

Ces accords du Touquet étaient déjà l'un des thèmes de la campagne pour la présidentielle en 2017 : renégocier, voire dénoncer purement et simplement ces accords. Ils le seront de nouveau pour la présidentielle 2022. D'autant plus qu'avec le Brexit, cette frontière s'est transformée en frontière extérieure de l'Union européenne. Elle est aujourd'hui un point de blocage. Or la France ne veut plus être un simple sous-traitant ; le discours qui s'impose, c'est qu'il est grand temps que les Britanniques prennent eux-mêmes en charge les demandes d'asile.

Il est possible de dénoncer ces accords. Cela exige deux ans de négociations, c'est prévu dans les textes. Pour imposer un rapport de force qui lui serait favorable, la France devra emmener avec elle ses partenaires européens.

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