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Crise climatique : en Afrique comme en Asie, la multiplication des catastrophes naturelles entraîne une hausse des mariages forcés

Dans le monde, 12 millions de jeunes filles sont mariées de force chaque année. Conséquence inattendue du réchauffement climatique, dans certaines régions du monde, les bouleversements environnementaux entraînent une augmentation des mariages précoces et forcés.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Asha Charti Karki (au centre), qui s'est mariée à 16 ans, conseille des jeunes filles sur l'importance de l'éducation à Barahataal, au Népal. Le pays a l'un des taux de mariage d'enfants les plus élevés au monde, même si cette pratique est interdite, depuis 50 ans. (PRAKASH MATHEMA / AFP)

À première vue, le lien entre dérèglement du climat et mariages précoces peut surprendre. Des chercheurs américains, de l’université publique de l'Ohio, ont étudié une vingtaine d’enquêtes réalisées ces dernières années en Afrique et en Asie du Sud. Leurs conclusions publiées cet été dans le International Social Work sont limpides : oui les bouleversements climatiques entraînent plus de mariages précoces et forcés pour les jeunes filles. C'est-à-dire que là où la pratique existe déjà, elle connaît un grand coup d'accélération.

La dot de la mariée, une question de survie

La plupart du temps c'est la perspective de la dot qui pousse la famille à marier ses enfants. En zone rurale, quand les inondations ou la sécheresse ne permettent plus de cultiver les terres, quand l'eau potable vient à manquer, des villages entiers plongent dans l'extrême pauvreté ou la famine, obtenir du futur époux un peu d'argent ou une tête de bétail devient une question de survie, tout simplement, et en plus, une fille qui part c'est une bouche de moins à nourrir.

Il y a aussi, parfois, l'espoir de la faire entrer dans une famille plus aisée. Dans la corne de l’Afrique, où le mariage des mineurs est légal ou toléré, l'UNICEF constate que de plus en plus de familles démunies marient leurs filles de 12 ans à des hommes de 50 ou 60 ans.

Un phénomène dont on ne prend pas toute la mesure, dit l'organisation, car les filles se taisent de peur d'être stigmatisées ou rejetées par leur communauté. Le réchauffement climatique entraîne aussi des déplacements de populations importants et la vie dans les camps de réfugiés rend les filles plus vulnérables.

En Éthiopie, + 119% de mariages forcés après la sécheresse

Parmi les pays concernés, l'Éthiopie, qui depuis deux ans subit la sécheresse la plus grave depuis des décennies. Selon l'UNICEF, dans les régions les plus touchées le nombre de mariages de filles de moins de 18 ans a augmenté de 119%.

Au Bangladesh, les années où la vague de chaleur dure plus de 30 jours, le nombre de mariages chez les 11 - 14 ans augmente de 50%. Les chercheurs observent la même chose à des degrés divers en Inde, au Pakistan, en Indonésie, au Kenya ou en Tanzanie.

Les conséquences en chaîne d'un mariage forcé sont dramatiques pour les mineures : grossesses précoces (deuxième cause de mortalité des adolescentes dans le monde), risque accru d'excision et de mutilation génitale (parfois obligatoire dans certains pays avant le mariage).  

Des conséquences immédiates

Ce qui est significatif c'est que l'impact de l'événement climatique extrême sur la hausse des mariages forcés est immédiat. Beaucoup plus rapide que dans une situation de guerre ou de conflit par exemple. Après un cyclone, quand il n’y a plus rien, ni maison, ni terres, les familles peuvent prendre leur décision en quelques semaines, voire quelques jours.

Le Fonds des Nations unies pour la population estime que dans tous les cas, la seule façon de freiner efficacement les mariages forcés reste la scolarisation des jeunes filles. Dans le monde, 12 millions de filles, selon Plan, sont mariées de force chaque année : près d'une toutes les deux secondes.

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