Cet article date de plus d'un an.

Course mondiale aux aides d'État : l'Europe cherche la riposte pour défendre son industrie

Face au dérèglement climatique, les industries du futur constituent un enjeu environnemental et économique majeur. Les grandes puissances mondiales s'arrachent ce nouvel or vert à coup de subventions massives. Et dans cette concurrence acharnée, l'Europe peine à s'armer.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen au forum de Davos mardi 17 janvier. (BENOIT DOPPAGNE / BELGA MAG)

Comment ne pas se faire dépouiller de ses industries les plus prometteuses ? Défi lancé à la vieille Europe, qui dénonce les pratiques "déloyales" et "agressives" de ses concurrents. Mardi 17 janvier à la tribune du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen s'en est pris d'abord à la Chine, qui subventionne massivement son industrie, qui encourage les entreprises européennes à délocaliser chez elle en leur promettant une énergie à faible coût... et qui dans le même temps ferme bien hermétiquement les portes de son marché intérieur. 

>> Investissements pour les entreprises et transition écologique : les Européens à la peine pour contrer le plan Biden

Mais ce qui inquiète surtout l'Europe, c'est le grand plan américain pour le climat, soit 370 milliards de dollars d'investissements dans le secteur des véhicules électriques ou des énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement. Un objectif louable, mais aussi un moyen d'attirer à coups de subventions les capacités industrielles européennes. Les géants allemands de la chimie BASF et Bayer sont déjà tout près de céder aux sirènes américaines.

Distorsion de concurrence entre Européens

L'Europe doit-elle se battre avec les mêmes armes ? Pas question pour une partie des États membres, au premier rang desquels la Suède, qui préside pour six mois le Conseil de l'Union européenne, car les barrières commerciales contreviennent à l'ADN du libre marché européen. Pour ces pays, la clé réside dans la discussion avec l'allié américain en vue d'obtenir la prise en compte des intérêts européens.

Et puis il y a ceux qui craignent que la course aux subventions ne profite qu'aux riches, chiffres à l'appui. En Europe, tout le monde n'a pas la même force de frappe budgétaire, la même capacité à aider son économie nationale. Ainsi, depuis que les règles européennes en matière de subventions ont été assouplies pour contrer les effets de la guerre en Ukraine il y a bientôt un an, l'Allemagne a distribué 53% des aides d'État notifiées à Bruxelles. La France arrive derrière avec 24%, contre seulement 7% pour l'Italie, troisième économie de l'UE.

Fonds de souveraineté : trop coûteux ?

Comment minorer ce risque de distorsion de concurrence entre Européens ? La commission de Bruxelles et plusieurs États-membres, dont la France, défendent l'idée d'un fonds de souveraineté. Mais cela coûte cher, et les contributeurs nets au budget européen, notamment l'Allemagne, redoutent de voir encore enfler la facture, après le méga-plan de relance post-covid adopté en 2020. Les Vingt-Sept, comme toujours, vont devoir beaucoup discuter avant de s'entendre. La défense de l'industrie européenne face aux appétits chinois et américain sera le principal sujet du prochain sommet européen les 9 et 10 février à Bruxelles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.