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Corée du Nord : Ju Ae, la fille de Kim Jong-un, future héritière ?

Le dictateur nord-coréen Kim Jong-un est-il en train de préparer sa succession ? Depuis plusieurs semaines, sa fille d'une dizaine d'années, Ju Ae, est mise en avant lors des événements officiels.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Ju Ae, la fille de Kim Jong-un, au premier plan, assiste à un défilé militaire à Pyongyang (Corée du Nord), le 8 février 2023. (STR / KCNA VIA KNS)

Le visage aussi rond que celui de son père, sanglée dans un manteau à col de fourrure, gants de cuir et petit chapeau assorti, on l'a vue mercredi 8 février à la gigantesque parade des 75 ans de l'armée à PyongYang. Sur le tapis rouge, la fillette marche main dans la main avec son père. À la tribune elle applaudit sagement, lui sourit et pose sa main sur sa joue. 

Son existence a été révélée en novembre pour le tir de démonstration d'un missile balistique. Depuis, elle apparaît de plus en plus souvent lors des événements officiels. C'est pour ça qu'on pense que Kim la prépare à sa succession, même si ce n'est qu'une hypothèse.

Interdiction de nommer des nouveaux-nés "Ju Ae" ?

Le régime coréen est d'une opacité telle qu'on ne sait même pas quel âge elle a. Ce sont les renseignements sud-coréens qui lui donnent 10 ans. La seule personne qui avait témoigné de son existence était l'ancien basketteur Dennis Rodman, qui disait l'avoir rencontrée lors d'un séjour à PyongYang en 2013.

D'ailleurs on n'est même pas sûr que "Ju Ae" soit son vrai prénom. Même si la rumeur circule qu'il est désormais interdit de le donner aux nouveau-nés, selon le média Radio Free Asia, dans la ville de Chongju des parents ont même été convoqués par les autorités pour choisir un nouveau prénom pour leur fille et changer son certificat de naissance.

"La fille bien-aimée" de son père

Ce qui est certain, c'est que ce 17 février des timbres vont être édités pour commémorer le tir de missile du mois de novembre et que sur cinq d'entre eux, figure Ju Ae à côté de son père sur fond de militaires qui applaudissent. L'entreprise parle d'elle comme de la "fille bien-aimée", terminologie réservée aux membres de la dynastie des Kim, qui règnent sur la Corée du nord depuis trois générations.

Sauf qu'il faut se méfier des signaux trop évidents. Ju Ae n'a pas le statut officiel de successeur et son nom n'a jamais été prononcé par le régime. D'ailleurs il y a trois ans, quand Kim Jong-un a eu des problèmes de santé, on parlait plutôt de sa soeur de 33 ans pour prendre la suite, Kim Yo-jong, qui a étudié en Suisse et parle plusieurs langues, ancienne responsable du département de la propagande. Kim Jong-un a aussi deux garçons dont un de treize ans, qui est l'aîné et qui pourrait lui aussi se préparer à succéder à son père.

Pas le choix du dirigeant

Professeur à l'université d'études nord-coréennes de Séoul, Yang Moo-jin souligne à l'AFP qu'à chaque fois qu'un héritier était pressenti en Corée du Nord, le dirigeant en place faisait en sorte que le nom de ce successeur soit connu.

"Il est encore très possible que Ju Ae soit juste utilisée (à des fins de propagande) (...) et que le fils aîné de Kim soit en train de se préparer à la succession à huis clos". Ju Ae sert peut-être simplement la propagande du régime qui veut mettre les femmes en avant pour coller à l'évolution de la société. Le vrai sujet c'est que les Nord-Coréens n'auront pas le choix ; ils ne sont même pas autorisés à se demander qui sera leur prochain dirigeant.

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